PARTIE I.
« Sa naissance est de bonne augure. Elle est bénie par les dieux »Voila ce qu’avait dit son père, Sören, le jour de la naissance de sa petite fille. Annelie et Sören désespéraient de voir un jour un enfant naître de leur amour, ayant mainte fois essayer, durant des années, sans succès. Lui était un paysan, cultivant le petit terrain qu’il avait, sur l’île relativement paisible de Björn. Elle était du même milieu social, mais s’était intéressée à l’herboristerie, devenant ainsi la guérisseuse du village. Tout deux très pieux, ils ne comprenaient pas pourquoi leurs prières n’étaient jamais entendues, ni la raison du tourment qu’on leur infligeait : en quinze années de mariage, l’épouse avait souffert de 4 fausses couches, et ce malgré le repos qu’elle s’imposait et la quantité de plantes curatives qu’elle consommait.
Puis, alors que le couple avait perdu espoir, on leur prodigua un enfant. Annelie pria jour et nuit pour assurer protection et santé à cet être, promettant d’être une servante et de prêcher la parole divine.
De leur union naquit une petite fille, pâle comme la neige du mois de Snjár recouvrant les plaines de l’île, aux yeux brillants comme le soleil apportant une accalmie en ce dernier jour de ce dernier mois de l’année 579. Rien ne pouvait apporter plus de bonheur que l’arrivée de cet enfant. La nouvelle maman, reconnaissante au possible d’être enfin pourvue d’un but dans la vie, jura devant les dieux que sa fille, nommée Hellä, veillera sur temples et sanctuaires à l’âge adulte. A peine née, sa destinée était déjà toute tracée.
Dans le petit bourg de Hølen(*), à la pointe de la Fourche, à l’est de l’île, vivait paisiblement la petite famille. L’enfant grandissait bien, jouant dans les champs avec les autres bambins du village, sous l’œil avisé des mères. La pitance était suffisante, l’on mangeait à sa faim, l’on était comblé et ne désirait rien. Le foyer jouissait d’une vie simple et sans tracas. Dès que Hellä fut en âge, on lui prodigua une éducation.
Dans le bourg, l’enseignement était donné par une vieille femme que l’on considérait comme étant très sage. Elle avait, disait-on, arpenté les trois îles, combattu monstres marins et ailés (et exhibant des cicatrices pour corroborer les faits), et s’était même rendu sur le continent, à Gamall. Ses histoires émerveillaient les plus jeunes, et fatiguaient les plus vieux – en plus de les avoir entendues un bon paquet de fois, ces histoires étaient probablement fausses.
Mais, la Vieille, comme on l’appelait gentiment, était la seule apte à dispenser des leçons dans un assez large éventail de domaines. Et puis, elle était attendrissante, lorsqu’elle s’emportait dans ses récits.
Hellä aimait à importuner la Vieille, en l’incitant à lui raconter tous les détails de son excursion à Fálki car, très influencée par sa mère, la petite rousse trouvait ce peuple pieux fascinant.
Chaque après-midi, lorsqu’il s’agissait de s’atteler aux taches ménagères, la Vieille devait irrémédiablement repasser dernière Hellä. Bien que volontaire et déterminée, la petite fille n’était vraiment pas douée pour tenir un ménage.
« Eh bien, il va falloir que tu épouse un homme riche et que quelqu’un s’occupe de ta maison. Sinon, tu finiras comme dans une soue à cochon ! », rouspétait la Vieille.
Mais la petite ne démordait pas, persistait, et fort heureusement avec le temps, la pratique lui permit de s’améliorer.
La mort de la Vieille, en Skyrta, fut la première confrontation de Hellä à la mort, quand elle avait 7ans. Il n’y avait rien de surprenant dans ce décès, la Vieille étant…vieille. Mais les rites accompagnant cette femme à l’Himinn fascinèrent la petite, qui découvrit la mort n’étant en fait, qu’un commencement. Dès lors, elle interrogea quiconque pouvait lui apporter des réponses sur les rituels, fêtes, et divinités, anciens comme nouveaux. Au début, les questions étaient floues et hasardeuses, se composant principalement de « pourquoiiii ? ». On refusait de tout lui dire en revanche, et même sa mère pourtant très loquace sur le sujet émettait des réserves. Elle lui répondait avec parcimonie et la distrayait de ses questions théologiques en lui expliquant les rudiments de l’herboristerie.
Ainsi, dans l’année de ces 7ans, on lui inculqua les bienfaits et méfaits de certaines plantes, les décoctions possibles avec et leurs effets. C’était évidemment très superficiel, mais Hellä était contente de pouvoir faire boire à un paysan souffrant une mixture de sa composition (sous la surveillance de sa mère, bien entendu).
Pour ses 8ans, son père lui offrit un joli pendentif, qu’il avait acheté à un marchand itinérant et provenant de la capitale. Il s’agissait d’une améthyste assez grossière, de la taille d’une pièce, arrondie, tenue par un bout de fer travaillé pour épouser la forme de la pierre, dans lequel passait un cordon noir. Il s’agissait d’un présent assez cher, compte tenue de la petitesse des revenus du foyer ; son père avait du travailler d’arrachepied pour vendre ses récoltes et se permettre une telle folie. Hellä était ravie, couvrant son père de mille baisers.
Cette même nuit, alors que la petite fille serrait entre ses doigts une poupée de chiffon, elle fut prise d’un rêve des plus curieux : elle y voyait deux des fils du voisin chahuter avec un chien qui, prit de panique, mordit violemment au visage le plus jeune des garçons. L’image suivante se constituait du voisin, assis sur le sol dans son manteau neigeux, quelque chose dans les bras.
Hellä se réveilla, tremblante et en sueur, pensant à un cauchemar. Elle était tétanisée à l’idée de raconter ce rêve à sa maman, pensant que ces noires pensées étaient maléfiques. Étreignant sa poupée davantage, elle se rendormit. Le lendemain matin, les pleurs d’un enfant troublèrent le calme régnant dans le village : c’était là, comme dans son rêve. Le garçon, le chien, le père…
Interdite, la petite fille ne dit mot, effrayée à l’idée d'avoir pu causer cela. Aucune vision de la sorte ne vint troubler son sommeil – jusqu’à ce sinistre jour.
Le 6ème jour de
Tré, un homme, gravement blessé, se présenta à Annelie afin qu’on lui prodigue des soins. Quelque peu désemparée par l’étendue des blessures, l’herboriste fut contrainte de s’aventurer en forêt afin de récupérer des baies de houx, nécessaire à la concoction d’un antidote. Son mari insista pour l’accompagner, laissant leur fille endormie.
Hellä vit distinctement ses parents, dans les bois, cherchant quelque chose et se faisant attaquer par des loups. La meute se jeta sur Sören qui heurta la tête en tombant, puis trois des bêtes sautèrent sur Annelie, la renversant à son tour avant de l’attraper à la jambe et de la tirer en s’enfonçant davantage dans la forêt. Là, la petite rousse était le témoin silencieux et immobile de la mort de ses parents. La dernière vision de sa mère fut ce visage distordu par la peur disparaissant entre les arbres.
En sueur et prise de spasme, Hellä sortit de la maison, appela ses parents, en vain.
Elle était désormais orpheline.
PARTIE II.
« C’était un Leshen, je vous le dit. Les loups n’attaquent pas sans raison. »Les villageois avaient quelques troubles à croire l’homme lige de Hølen, aux vues de la rareté de cette créature, mais il était sage et avisé. Le bourg était secoué par la disparition des parents de Hellä et s’inquiétait quant à sa prise en charge. La plupart des familles étaient très modestes et avaient déjà quantité de bouche à nourrir alors, ajouter la petite orpheline risquait de nuire à leurs propres enfants. L’homme lige possédait la plus grande maison et se désigna donc pour s’occuper de la gamine. Secouée par les événements, elle s’enferma dans un mutisme, se consacrant à parfaire son éducation générale et ses connaissances en plantes. Mais sa vraie demeure était désormais la religion, priant dès qu’elle avait un peu de temps, aussi pour éviter les paroles réconfortantes des autres habitants. Ce qui l’attrista le plus fut l’absence de rites mortuaires pour ses parents, puisque les corps n’ont même pas été cherché – elle n’avait pas la certitude de retrouver sa famille à la table de Heimr.
Une nuit cependant, une douce vision apaisa son âme : Une biche à l’aura éblouissante la conduit dans les profondeurs de la forêt et s’arrêta au niveau d’un autel. Là, gisait les ossements de ses parents, elle en était convaincue. A son réveil, tout était claire. Elle allait servir la déesse de la nature, de la terre, celle qui veillait depuis toujours sur elle et sa famille et qui avait eu le vénérable geste d’offrir le repos ses tendres parents. La déesse Miðgarðr.
Hellä resta 5 ans chez l’homme lige, qui n’avait eu que des garçons et dont la femme était très fatiguée. La petite dévote rendait service en maintenant le foyer, concoctant des tisanes et parfois cousant des vêtements. Le lige était un homme bon, et sous son toit elle était devenue une meilleure personne, plus utile à la société qu’elle voulait servir. La couture lui prenait beaucoup de temps, mais rien ne la détournait de sa foi, même pas les couleurs chatoyantes de la soie, la douceur du velours ou la légèreté du coton qu’elle utilisait dans la confection des habits.
En Fugl de l’année 592, des prêtres de Björn, venus de la capitale, accomplissaient un pèlerinage dans toute l’île afin de sensibiliser les bourgs et de trouver de nouveaux serviteurs des dieux. C’était une aubaine pour la petite rousse de 13ans qui, n’ayant plus d’attaches à Hølen, était libre de suivre la Voie. Non sans un regard vers le village, elle le quitta, juchée sur la charrette des pèlerins, enveloppée dans une cape pourpre de lin. Ainsi, elle découvrit plusieurs petits patelins et de plus grandes villes telle que Lunga, tout à l’est. La ville lui plut d’ailleurs, mais trouva la proximité du lac d’Osar assez inquiétante – n’en voyant pas le fond.
La petite congrégation resta 2jours dans la ville, afin de se ravitailler et de se reposer un peu. Ils n’avaient qu’un cheval, tirant une charrette, et marchaient tout le jour. Durant son court séjour à Lunga, la petite orpheline partit en vadrouille, téméraire et déterminée à en connaitre chaque recoin. Alors qu’elle s’enfonçait dans une petite ruelle, elle aperçut au fond d’une cour un petit autel, couvert par un toit de chaume, soutenu par 4 poteaux. Sur le modeste autel, un émail lilas à l’effigie de Miðgarðr était posé. Instantanément, Hellä posa ses mains sur l’autel, de chaque coté de l’image de la déesse, et psalmodia quelques mots. Les yeux fermés, elle fut emplie d’un sentiment de plénitude, la confortant dans le chemin qu’elle avait choisi. Elle rejoignit le groupe avant que la nuit tombe – le départ étant prévu dès le lever du Soleil le lendemain.
Rejoindre Hjarta requit 3jours, à raison de 7heures de marche quotidienne. Arrivant par l’est, Hellä entra dans la ville directement par le quartier religieux. Les yeux écarquillés, elle fut émerveillée par tant de grandeur. Les temples rivalisaient de splendeur et les sculptures étaient d’une beauté sans pareille. On la conduisit dans le plus petit des trois principaux temples, celui destinée à la déesse Miðgarðr. Rien de surprenant quant au fait qu’il s’agisse du plus petit : qui irait vénérer la nature, entouré de pierres et de marbres ? Cependant, rien n’entachait l’entrain de la future prêtresse.
« Bonjour petite, je m’appelle Valdemar. Je serais ton guide durant ta formation ».Ne sachant pas comment saluer une personne de haut rang, n’en ayant jamais rencontré, elle pencha la tête, les yeux rivés sur le sol et se présenta à son tour. De ce jour, elle acceptait son rôle de servante des dieux.
-----
Au contact de Valdemar, Hellä eu les réponses à toutes les questions qu’elles se posaient. Jusqu’à ses 18ans, le prêtre forma la jeune fille aussi bien que possible et, même s’il n’aimait pas le dire, il devait admettre qu’elle était une élève agréable : elle ne protestait jamais ni ne remettait en cause les décisions de son maître, et était très affairée à sa tâche. Son zèle avait cependant tendance à irriter l’homme. Elle lui rappelait bien trop ce qu’il était auparavant, avant de mettre les pieds dans la capitale, corrompu par les péchés et aveuglé par la peur. L’arrivée de Valdemar à Hjarta lui fit perdre de sa foi, pourtant entouré d’éléments la lui rappelant. Il comprit à ses dépends que la vraie croyance ne s’achète pas et ne se justifie pas par des offrandes de statuettes. Cette amertume le rendait d’autant plus apte à mettre en garde Hellä contre les dangers qui menaçait sa foi.
A son arrivée, on la cantonnait au ménage et à l’entretien des offrandes à la déesse. Elle appréciait cela, car considérait que le temple, la maison sur terre de Miðgarðr, devait être irréprochable. Alors, elle mêlait le savon à de l’essence de citron de Björn, car l’odeur entêtante lui rappelait la fraicheur des forêts. S’y prenant très bien, personne n’y voyait à redire sur les techniques de Hellä.
Elle découvrit aussi la coutume qu’avait les prêtres de Miðgarðr, pour se préparer aux prières rythmant leur journée. Le þvórånnè(*) était pratiqué avant chaque prière – il s’agissait d’appliquer sur l’intérieur de ses poignets de l’huile sacrée, afin de se laver, se purifier avant toute discussion avec la déesse. L’huile était un mélange de pétales de violette broyées et d’huile essentielle de benjoin, le tout dilué dans un peu d’eau. Aussi, avant la prière du matin et après celle du soir, un encensoir était allumé, permettant d’apaiser les âmes et de diffuser une doucereuse odeur de pin. Le temple était ce qui se rapprochait le plus d’un coin de nature, au cœur de la capitale.
Hellä s’était aussi octroyé le droit d’entretenir l’arbre sacré, au centre de la cour. N’ayant aucun autre pendant dans les trois îles, ce majestueux symbole de la nature est appelé aukimið (*le descendant de Miðgarðr). Son entretien n’est pas très compliqué, il suffit de nettoyer la terre dans laquelle il prend racine, et d’y jeter 8graines – une pour chaque dieu.
La prière des prêtres était personnelle, autour d’un petit autel constitué par leur soin dans leur chambre : Hellä utilisait un socle de statuette en bois, d’une quarantaine de centimètres de côté, sur lequel étaient posés une bougie, un émail pourpre à l’effigie de la déesse et le pendentif que lui avait offert son père, l’améthyste, qu’elle ne portait plus. Bien sûr, des zones de prières communes étaient à disposition, mais la plupart des prêtres préféraient une communion plus intime avec la déesse.
Dès ces 15ans, la dévote insista pour prendre davantage part à la vie religieuse de la communauté : elle comprenait et était reconnaissante de l’honneur qu’on lui faisait en la laissant entretenir le temple, mais une prêtresse n’est pas censée attendre que la Parole se répande d’elle-même. Hellä voulait prendre une part active auprès de la population, en étant charitable et en prêchant. Elle acceptait toujours de soigner des pauvres et mendiants, qui n’avaient ni refuge ni argent pour se rendre chez un véritable guérisseur. Ses soins étaient très rudimentaires mais avait le mérite de soulager certaines douleurs et d’adoucir les esprits.
Hellä, bien que dévouée à la déesse de la nature, officiait aussi volontiers dans d’autres temples, mais principalement lors de rituels de naissance ou mortuaire.
En toute circonstance, elle souriait, d’un sourire timide mais constant. Rien ne la tracassait vraiment et elle se laissait guider par les bons vouloirs des dieux.
Son statut changea légèrement lorsqu’elle eut 17ans, en l’an 596. Toujours à la merci des visions divines, elle fut en mesure de prédire les affrontements sur l’île de Snákr et la défaite du leader actuel. La veille du défi, elle se rendit auprès de Valdemar, son mentor, afin de l’informer des événements. Au début, il ne la cru pas, d’abord car un tel don n’était qu’affabulation, disait-il. Ensuite, car en son for intérieur, il était emprunt à la jalousie, voyant que sa protégée, guidée par sa foi, pouvait devenir quelqu’un d’important. Ce n’est que le lendemain que Valdemar prit conscience du prodige, lorsque la nouvelle se propagea dans Hjarta.
Il ne pouvait pas garder ce don pour lui et Hellä devait servir la communauté. Or, voir sa petite rouquine s’envoler était comme perdre un enfant – lui qui n’en a jamais eu. Il craignait qu’elle ne dévie de sa route et ne serve que les puissants à des fins militaires.
Devait-il en informer le Jarl ? Ou protéger sa petite prêtresse de l’échiquier politique.
PARTIE III.
En approchant de ses 18ans, Hellä connaissait tous des cultes, mais ses connaissances dans les autres domaines étaient très restreintes. En effet, elle se mêlait très peu aux gens, ne rencontrant les populations que pour parler des dieux. Ce schéma commençait à lui peser et même si elle n’était pas complètement isolée, la présence de Valdemar et des autres prêtres et prêtresses y aidant, il était difficile pour elle de comprendre le monde qui l’entourait.
A la découverte de son don de prophétie, Valdemar l’avait davantage enfermé, afin de la protéger. Ses sorties étaient limitées et toujours accompagnées. D’un coté, la dévote avait voué sa vie au service des dieux, mais d’un autre, il s’agissait de sa vie. Elle n’en avait qu’une. Le serment fait envers Miðgarðr ne l’empêchait pas d’avoir des amis, une famille et même des enfants, or sans rencontres il est difficile d’avoir cela. Alors, Hellä prit les mesures qui s’imposaient : lorsque son travail était accompli au temple et qu’on lâchait du leste sur sa surveillance, elle se faufilait hors de l’enceinte sacrée. Elle quitta le quartier Est pour la première fois une fin d’après-midi du mois de Sauðamaðr. Le mois précédent étant très pris par différents rites liés à la déesse Miðgarðr. Encapuchonnée, elle découvrit le quartier du Jarl et les allées commerçantes, grouillantes et pleines de vie. La semaine suivante, elle s’aventura dans le quartier familial et flâna dans les jardins. La ville commençait à lui plaire.
Dans une allée marchande, elle fit la connaissance d’une fille d’environ son âge nommé Tilda. Tilda travaillait chez un tailleur et était enceinte. Au début, Hellä restait seulement pour voir la future mère travailler le tissu, puis des liens sont apparus. Pendant 1mois, les deux filles se fréquentaient souvent, Tilda expliquant à la prêtresse ce qu’était la vie à Hjarta et comment elle avait déménagé d’un bourg à l’ouest de Björn pour avoir une meilleure vie dans la capitale. Un soir, alors que les deux nouvelles amies savouraient une tisane concoctée par Hellä, cette dernière toucha son ventre :
« Oh ! Des jumeaux, un garçon et une fille ! » Tilda prit cela comme une intuition, ignorant les talents de la rouquine.
Quoi qu’il en fut, 5mois plus tard, l’intuition se révéla juste. Toujours en bon terme, Tilda a cependant moins de temps pour bavasser avec son amie, mais parfois elles se paient de petites visites.
Au Temple, Valdemar cherchait un moyen de provoquer les visions de Hellä. La jeune fille refusait de sacrifier bêtement une créature seulement pour des tests, alors on tenta le rituel du reykr(*). Ce rituel - offrande consistait à faire cuire une viande (souvent du cochon) et de laisser la fumée montée. La fumée était une nourriture pour les dieux qui accordaient de ce fait des images à ceux participant à l’offrande. Lors de la cérémonie, Hellä fixa la nuée grise, espérant y voir quelque chose. Rien de probant ne se produit et les émanations lui donnait quelque peu le tournis.
Or, le soir même, dans son rêve, elle revit la fumée, dansant et se mouvant, prenant la forme d’un Leshen. Prise de panique, se remémorant la mort de ses parents, elle prévint Valdemar. Quelques jours plus tard, on recensa deux attaques mettant en cause un Leshen.
La fumée avait-elle permit une rêverie(*), comme elle les appelle – les distinguant ainsi d’un rêve commun, ou n’était-ce que le fruit du hasard ?
Aujourd’hui, à 24ans, honorée par ce don, ses rêves sont alimentées par deux aspects de sa vie : un désir incommensurable de servir, de s’élever dans la société et de venir en aide à son prochain, au travers de ses rêveries et sa dévotion. Et une volonté de vivre pour elle, de rencontrer du monde et pourquoi pas voyager, et ne plus vivre seulement au travers d’une divinité, aussi grande et infinie soit-elle. Serait-il possible de combiner les deux, ou un choix s’imposera-t-il de lui-même ?
Les dieux lui envoient des images prophétiques lors de ses rêves et de ses transes. Elle a vu, et sait que les dieux sont tout puissants et toujours présents, ce qui ne fait qu'aiguiser sa spiritualité. De plus, elle a une fascination pour les rites divers et ceux parfois oubliés, ou mis de côté.