Tout a un début. C'est évident.

Mon début à moi, c'était il y a 25 ans, en 578. Un jour de neige et de grand froid. A ce moment là, je peux vous assurer que ma mère elle, n'avait pas froid. Vous savez tous qu'à la naissance, les bébés ont tous les yeux bleus. Et bien c'était pareil pour moi. Je n'avais pas de cheveux d'après ma mère. Enfin, ils étaient tellement clairs que c'était tout comme. Maman m'a raconté, que mon père était terriblement déçu d'avoir une fille comme héritière et surtout comme ainée de la famille. A Snákr, c'est toujours mieux d'avoir un garçon et encore mieux d'en avoir un fort et intelligent. Ah non, pardon, ça n'existe pas sur cette île.... Un garçon fort et robuste était le meilleur à avoir. Il a essayé d'avoir un autre enfant avec ma mère, mais son corps devait être trop fatigué. Entre un accouchement difficile et l'allaitement, le pauvre avait pas mal de difficultés pour s'en remettre. Avant la fin de ma première année, maman m'a dit que le comportement de papa avait totalement changé. En réalité, il avait changé en même temps que moi. En découvrant que j'avais les cheveux blancs et les yeux de deux couleurs différentes, il aurait vu en moi un signe des Dieux. C'est quand même étrange pour un homme qui ne prie pas de sortir un truc pareil. Je suis devenue tout d'un coup l'enfant exceptionnel.

Il tenta tout de même de me donner un petit frère mais en vain. Ma mère ne pouvait plus enfanter. Encore un signe ? Il la garda quand même auprès de lui en la remercia de lui avoir donné la plus belle des filles. Maman m'a raconté que c'est à ce moment là qu'il se mit à l'aimer. Jamais avant il n'avait eu de gestes d'affection ou d'amour. Mais lorsqu'il vit en moi l'enfant des Dieux, il aima ma mère comme il se devait. C'est pour cela que je suis persuadée que ma mère à été kidnappée à Fálki : il était violent avec elle, comme le sont les hommes avec leurs esclaves. En 581, la plus grosse maladie infantile touche les trois îles. Papa était très inquiet pour moi, j'étais son seul enfant. J'ai survécu. Encore un signe ?

J'ai donc grandi seule, sans frères ni soeurs à malmener. Résultat, c'était moi la "malmenée". Très tôt, j'ai compris grâce mon expérience et mon père que je devais m'imposer devant les hommes (et même devant les femmes). Sur Snákr, c'est la loi du plus fort, manger ou être manger. Je suis rentrée plusieurs fois couverte de bleus parce que j'avais été battue par les autres enfants. Je ne savais pas si c'était le fait d'être une fille, ou d'avoir toutes ces particularités physiques. Mais peu importait, le résultat était le même. Papa était forgeron, il l'est toujours d'ailleurs. Sur l'île on trouve les meilleurs minerais pour fabriquer les meilleures armes de tout l'archipel ! C'est un travail dur, épuisant, mais aussi très intéressant. Contre l'avis de maman, j'ai demandé à mon père qu'il me prenne comme apprentie. Imaginez la tête de mes parents ! Surtout celle de ma mère qui voulait en secret que je devienne une religieuse ! Berf, mon père a refusé.
C'était sans compter sur ma détermination ! Il y avait une fille, un peu plus âgée que moi, Sigrid, elle avait des frères pour l'endurcir, pour lui apprendre comment grandir ici, comment se défendre ! Et je voulais être comme elle ! Mais moi, je n'avais que mon père ! Il devait penser que j'étais fragile.

Alors le lendemain de ma demande, je me suis levée en même temps que lui, préparée avec lui, et je l'ai accompagné à la forge. Je l'ai regardé faire pendant quelques jours avant de prendre mon courage à deux mains et d'intervenir dans son travail comme un second l'aurait fait : j'ai commencé à attiser le feu. J'ai bien vu le sourire de mon père à ce moment là. Il avait compris que j'étais aussi bornée que lui et que je ne lâcherai pas l'affaire. Et partir de là, il m'a tout appris. En général se sont les hommes qui font se travail, ou les femmes bien charpentées, et j'ai vite compris pourquoi. J'en ai bavé. Vraiment. J'ai toujours manqué de force, mais jamais de détermination, de volonté et d'endurance. Et là, mon père a commencé à croire un peu plus en moi.

A l'adolescence, j'ai voulu faire comme Sigrid, prendre les armes ! Elle, c'était la chasse, moi je voulais apprendre à me battre à l'épée. A 14 ans, je ne sais pas si j'avais une maturité plus avancée, ou si j'étais juste rebelle mais j'ai quasi donné à mon père l'ordre de m'apprendre à me battre. Sur cette île, tous les hommes apprennent à se battre, c'est la base, alors pourquoi pas moi ? J'ai donc échangé mon épée de bois contre une hache.... Oui oui, mon père m'a tendu une hache à double tranchant ! Ce bougre doublé d'un idiot s'est moqué de moi lorsque je suis tombée en arrière avec ! Et ma mère qui me répétait sans arrêt des trucs sur les Dieux, que je devais prier ceci cela... alors je priais ceci cela... J'avais l'impression que les deux se moquaient de moi. Ma vie était détestable ! Mais papa me donna enfin une épée et m'enseigna l'art du combat. Peu de temps après, je fabriquai moi même mon épée ! Plus courte, plus fine, plus légère et maniable à souhait... Je vous passe les détails sur la dispute monstrueuse avec mon père qui n'était pas content parce que j'avais utilisé des matériaux de trop bonne qualité. Enfin, mon épée je l'ai toujours et elle est super ! En même temps, vu le temps que j'y ai passé ! Je dois vous avouer que fabriquer une arme puis la manier ensuite, c'est assez jouissif. En fait, se battre est assez jouissif.... chut, ne le dites pas à ma mère.

Vous savez ce qui se passe pour une fille à l'adolescence ? Ou plutôt quand elle devient une femme ? Vous savez, ce liquide rouge qui revient tous les mois pourrir quelques jours dans la semaine ! Et bien s'en suit une poitrine qui pousse, les hanches qui se développe, les fesses aussi, les cuisses.... et on dirait qu'une aura nous enveloppe. Les hommes deviennent totalement fous comparables à des animaux ! Plusieurs hommes, des amis à mon père aussi, sont venus lui demander s'il envisageait un mariage pour moi. Ca aurait été sympa de demander mon avis avant, mais sur cette foutue île, ca ne se passe pas comme ça. La femme est une marchandise voire même une monnaie d'échange. Et encore plus quand on a la couleur de la neige dans les cheveux et les yeux aussi uniques. Mon père disait que j'étais le reflet de cette île. Un oeil pour représenter la douceur et un oeil pour représenter les dangers. Voila comment décrire l'endroit ou j'ai vécu : doux mais dangereux ! Ça donne envie pas vrai !

A mes 21 ans, lorsque les demandes devenaient plus insistantes pour mon mariage et surtout après mon agression qui m'aura valu une belle cicatrice sur le visage, mon père a prit toutes ses affaires, nous a fait embarquer sur le premier bateau qui partait pour Fálki et hop en avant tout le monde ! Maman a dû resté au bateau le temps que papa et moi allions vendre nos biens aux femmes guerrières (elles sont friandes de ça) et avec tout l'argent qui nous restait, nous avons reprit la bateau, direction Bjǫrn, nous avons acheté une forge avec une maison et nous avons élu domicile ici. Je serai bien restée sur Fálki pour suivre l'enseignement des femmes oiseaux, mais elles n'aiment pas les hommes, et je me voyais mal abandonner mon père alors qu'il venait de quitter son pays pour me promettre un avenir plus sûr.

Voilà environ 4 ans que je suis sur Bjǫrn. Les températures sont plus douces, la nature y est plus clémente, la vie est plus sympa. C'est totalement différent de là où je viens. Sauf une chose : Le regard de certaines personnes sur moi. Je peux comprendre, c'est toujours étrange la première fois quand on me croise. Oh, je dois vous parler d'une première fois en particulier : quand j'ai croisé le regard ( je dis ça mais je ne sais pas s'il m'a vraiment vu hein) de Thorbjörn Brynleifrson ! Voilà, je suis amoureuse ! J'avais entendu parlé de lui à de nombreuses reprises et même lorsque nous avons prit le bateau pour venir ici. C'était un pirate hyper célèbre ! Le Fléau ! Quelques mois avant notre arrivée, il venait de revenir sur l'île. On racontait qu'il en avait assez de fuir ses responsabilités et qu'il était temps d'avancer et de se faire pardonner par sa famille. Franchement, dites moi qu'il n'est pas classe ! Après 15 ans en mer il fait ça ! Et quand je l'ai vu ce fut une révélation ! Je veux être aussi forte que lui ! Bjǫrn est maintenant mon île, je veux la protéger elle et ses habitants et le seul moyen de prouver ma valeur et de devenir comme lui !

J'ai donc annoncé à mes parents que je voulais entrer dans l'Elite de l'Herr. Ma mère s'est mise à pleurer de désespoir en me parlant de Hellä Sörendótti et que je ferai mieux de suivre sa voie et mon père, trouvait ça plutôt noble et serait probablement fier que sa fille, unique enfant, devienne une combattante respectable et respectée.

Donc aujourd'hui, cela fait 4 ans que je continue d'aider mon père à la forge tout en apprenant à me battre à l'épée pendant mon temps libre derrière la boutique ou n'importe où ailleurs. Pour faire quand même plaisir à mon père je lui promets un petit fils. Mais pas pour tout de suite. Je pourrai demander à Logan Skalln, le marchand, de me faire un petit rapidement, mais si ce mec devait donner à cet enfant une part de lui, je voudrais surement abandonner mon enfant ! Il est beau, c'est certain, il a un sourire ravageur, c'est sur, toutes ces dames tombent pour lui, mais je ne suis pas dupe, quand papa fait appel à lui, ce n'est pas pour acheter n'importe quoi. Et quand il me sourit en coin je n'ai qu'une envie... lui raser la tête O_O NON ! Mon enfant n'aura rien de cet homme absolument pas fiable ! Même s'il est beau.... même s'il me sourit comme ça !