Négligemment, Astrid fit tourner sa lame dans sa main, décrivant dans les airs, et la poussière qui les surnageait, un cercle d’argent. Le soleil froid de Regn tapait fort sur son armure qui, pourtant légère, ne manquait pas de laisser une goutte de sueur rouler le long de son échine. Il cuisait sa peau de sa morsure désagréable, laisser son front se ceindre d’une couronne de perles salines tandis qu’un coup de vent glacial venait hérisser sa nuque, sa gorge à nue, emportant dans son sillage une nuée d’ocre qui venait un instant obscurcir sa vision. Scrutant son adversaire, la jeune femme serra les dents...

Il n’était guère bien impressionnant, mais Astrid tenait pour acquis que c’était de ceux dont il fallait le plus se méfier. Sec et nerveux, l’homme qui répondait au nom de Siegfried semblait agile, désireux de la prendre de court, de vitesse mais aussi de force. Après tout, n’était-elle pas une simple femme ? Mais plus encore, elle l’avait compris : il attendait qu’elle prenne l’initiative. Il attendrait qu’elle fasse un faux pas, qu’elle trébuche. Il attendrait une ouverture qu’elle ne lui donnerait pas. Faisant une nouvelle fois danser sa lame dans sa paume, le poids de sa dague tout contre sa cuisse, La Fálkidottir hissa le bouclier frappé de ses armes pour y cacher son corps svelte, prête à se dissimuler derrière le pan de bois si les lames se mettaient à voler vers elle.

Derrière les palissades, la foule mugissait comme un animal blessé, et dans ses dissonances la jeune femme sentait le poids de toute sa fierté qui s’appesantissait sur ses épaules. Pour son île, pour ses sœurs, pour sa famille, pour ses enfants, elle ne pouvait pas perdre. S’y dissimulait-il des visages qu’elle connaissait ? Elle n’aurait pu le dire. Du haut de l’estrade se tenaient leurs chefs, qui dardaient les combattants au cœur de l’arène poussiéreuse, tout juste des grains de sable dans l’ocre infini qui constituait la lice.

Et de toute façon, il n’y avait qu’eux deux et autant de visages sans traits qui les couvaient de leurs regards.

Seulement eux.

Elle détendit brusquement ses jambes, bondissant sur son adversaire comme un félin se serait joué de sa proie, tandis que la poussière accompagnait son mouvement dans une décharge orange. Son bouclier toujours devant elle, dressé tel une muraille entre son adversaire et elle, Astrid leva son arme au-dessus d’elle et frappa d’estoc, fendant l’air en piqué pour mieux embrocher l’individu qui lui faisait face. Mais aussi prête à contre-attaquer à tout instant si l’homme parvenait à la feinter... Le fil de sa lame siffla comme un râle agonisant.

Lancer de dé #1
Réussite : Astrid parvient à toucher l’individu
Echec : L’homme est trop rapide, il parvient à esquiver le coup et contre-attaquer

Lancer de dé #2 (si échec au premier lancer)
Réussite : Astrid parvient à bloquer la contre-attaque
Echec : Astrid est touchée

Le combat ne tournait pas en sa faveur, c’était le moins que l’on puisse dire. Plus que jamais, le poids de l’astre solaire sur ses épaules, le poids des regards scrutateurs des habitants de Kolmen Kirosi, le poids de sa propre fierté la nouait douloureusement. Et c’était sans compter sur les blessures qu’elle avait écopé de son adversaire. Elles n’étaient pas profondes, mais ses lames acérées qu’il maniait avec une agilité surnaturelle la lancinaient et l’enrageaient. C’était comme s’il jouait avec elle, comme s’il jouait avec un animal qu’il piquait au sang pour le voir se débattre. Elle pouvait le voir à son sourire vicieux, qu’elle aurait tout fait pour effacer de son visage.

Pour la première fois depuis le début de la journée, elle se félicitait de ne pas avoir amené sa fille avec elle. Malgré ses plaintes – justifiées – Astrid avait catégoriquement refusé que l’enfant l’accompagne à Bjǫrn. Les raisons étaient nombreuses, mais en définitive, la Fálkidottir pouvait se féliciter d’avoir tenu bon. La pire des défaites aurait été d’offrir à son héritière le piètre spectacle qu’elle-même offrait au peuple des îles à l’heure actuelle. Mais d’aucuns pourraient en juger : Siegfried était un adversaire redoutable. Il n’en imposait pas, physique parlant, mais son agilité féline et ses réflexes la mettaient clairement dans le mal.

Pour pouvoir arriver à le mettre en défaut, la jeune femme allait devoir rivaliser d’efficacité, et ce malgré la désagréable sensation de ses membres qui s’engourdissaient de la perte de sang, du liquide poisseux qui collait à sa chair, de la douleur cuisante qui ceignait sa cuisse à vif et son épaule saignée à blanc. Repoussant les mèches blondes qui collaient à son visage maculé de sang, Astrid s’accroupit derrière son bouclier rond où – ternis – luisaient encore les armes des Sìlfrddóttir.

Elle approcha son adversaire, faisant un pas de côté, puis un autre, puis un autre, chaque fois dans une bouffée de poussière ocre Son adversaire réagissait aussitôt, se replaçant pour s’exposer le moins possible à la morsure de sa lame ou à un coup de bouclier bien placé. Et toujours ce regard provocateur qui la dardait méchamment, persuadé de sa supériorité. C’est à ce moment qu’elle choisit d’attaquer l’homme. D’un mouvement sec et calculé, Astrid vint asséner à son adversaire un coup du plat de sa targe. Bien sûr, elle savait très bien qu’elle ne le toucherait pas – après ce n’était pas le but. Mais il fallait qu’il le croie et qu’il réagisse en conséquence ; En l’occurrence, en parant le coup avec autant d’agilité qu’auparavant.

Feintant, la Fálkidottir fit brusquement un pas en arrière pour éviter l’éventuelle contre-attaque, laquelle ne vint pas. Une aubaine ! Le coup d’estoc qui fendit l’air entre eux, remontant de sous le bouclier pour embrocher Siegfried, illumina son visage d’un éclat sanglant.

Lancer de dé #1
Réussite : Siegfried prend l’attaque de plein fouet
Echec : L’homme avait prévu cette attaque et l’esquive sans mal

Lancer de dé #2 (si échec au premier lancer)
Réussite : Astrid parvient à esquiver le coup de poing fulgurant
Échec : Elle encaisse le gnon dans un craquement sonore. Aïe !

Le sang emplissait sa bouche. Son goût âpre, doux, ferreux aux teintes écarlates lui donna aussitôt la nausée, mais moins que le fait de voir qu’elle se faisait ridiculiser en public. Quel coup du sort l’avait mise sur la route de cet adversaire ? Elle l’ignorait. Mais à mesure que le combat avançait et qu’il tournait en sa défaveur, Astrid sentait que le regard des Dieux s’était détourné d’elle. D’une main lente et tremblante, la jeune femme essuya le liquide poisseux qui coulait abondamment de son nez fracturé, tatouant sa peau d’un tracé cramoisi. De l’autre, elle serra la petite figure de Stjarna cousue dans le revers de sa manche, adressa une prière silencieuse à la déesse qui, elle l’espérait, saurait lui indiquer la voie à prendre pour sortir victorieuse de son combat.

Comme un signe, son adversaire dont la vanité explosait maintenant au grand jour commença à perdre patience face à la passivité étourdie de la Fálkidottir. Il s’élança en avant, prêt à lui asséner le coup final, fatal, sans prendre en compte qu’elle aussi, peut-être, était agile et saurait esquiver l’attaque. Malgré la douleur qui lui ceignait le crâne, la jeune femme se déroba à la prise de Siegfried en interposant son bouclier au coup qu’il lui destinait. Profitant de l’effet de surprise, elle contrattaqua aussitôt et mordit la chair de son adversaire d’un coup de taille qui entama le flanc de son adversaire de façon superficielle ; Il avait réussi à se soustraire à l’attaque, par elle ne savait quel miracle. Devait-il être la réincarnation du serpent de mer Ìviðja pour savoir se tortiller ainsi ?

Désireuse de ne pas laisser sa chance s’envoler, Astrid choisit d’attendre que son adversaire prenne les devants. Elle crut avoir compris qu’il était moins efficace lorsqu’il s’agissait d’initier l’attaque, aussi profita-t-elle du fait qu’elle ait pris l’ascendant sur lui pour le pousser à s’en prendre à elle. Dressant son bouclier entre elle et son adversaire, la jeune femme se mit en garde et attendit que Siegfried – dont le visage était déformé par la rage – ne plonge de nouveau sur elle. Elle était prête à esquiver à tout instant. Et prête à répliquer si elle en avait l’occasion.

Lancer de dé #1
Réussite : Elle parvient à bloquer l'attaque de Siegfried
Échec : Il la prend de vitesse et la touche

Lancer de dé #2 (si réussite au premier lancer)
Réussite : Elle contre-attaque et blesse son adversaire
Échec : Siegfried parvient à esquiver le coup