Pléonasme : une femme insatisfaite If you want to survive, you have to really know the person who is trying to hurt you.

La journée avait défilé avec interminable longueur, ça avait commencé par une mâtiné désastreuse où la domestique d'Adleheid avait perdue l'un de ses corsets préféré, probablement piquée par sa jeune sœur. Le reste de la journée ne s'était pas mieux déroulé puisque sortie faire des recherches sur les animaux des montagnes, elle avait due rentrer plus tôt que prévue sous la demande express de sa mère. Qui en réalité n'avait pas eut envie que sa fille se promène dans les bois. Une après midi de gâchée pour de futiles inquiétudes de mère trop protectrices.

Et pour finir, comme si ce n'était pas suffisant, Thorbjörn était d'humeur massacrante, contrecoup de la pression qu'il subissait pour la préparation du Tournois qui allait démarrer dans quelques jours. La jeune femme s'était alors empressée d'enfiler des vêtements chauds en fin d'après midi et avait revêtit une cape de fourrure par dessus ses robes afin de ne pas avoir froid.

Elle comptait se rendre sur la plage accompagnée de l'un de ses gardes personnel, non pas pour admirer la vue car la nuit commençait à tomber mais plus pour savourer l'odeur de l'iode et le bruit des vagues. Adelheid avait à tout prix besoin de relâcher toute cette pression qui s'accumulait autours d'elle et de faire en sorte de terminer cette journée sur une bonne note. Mais c'était sans compter sur cet homme au visage familier qui l'attendait au détours d'une ruelle de la ville. Lorsqu'il se décolla du mur à son approche, le garde esquissa un mouvement dans l'intention de dégainer sa lame. Délicatement, la jeune femme effleura d'une main se voulant rassurante le bras de son protecteur qui arrêta son geste. « Hé. » La noble cligna plusieurs fois devant l'interpellation du guerrier. Elle aurait pourtant dû s'y attendre, étant donné que leurs précédentes confrontations s'étaient soldées par d'intenses déceptions. « Je pense que je n'ai pas besoin de me présenter.... » Adelheid redressa alors le menton tout en lui jetant un regard dédaigneux.

« Non, effectivement, c'est inutile. »

La noble avait craché ces mots tout en dévisageant le jeune homme qui se tenait bras ballants devant elle. S'il n'y avait pas eut cette fois où alors qu'elle se promenait tranquillement sur le port, il lui avait jeté un seau d'eau souillé en plein visage et avait osé ensuite la confondre avec l'une de ses immonde conquête, où encore cette fois où il lui avait encore manqué de respect en se trompant de prénom, Adelheid aurait pu l'apprécier, et encore c'était un terme trop fort pour décrire ce qu'elle aurait pu ressentir à son égard. « Je n'approche pas trop, je ne voudrais pas donner à ton garde du corps une raison de m'étriper. » Le documentaliste afficha alors un petit sourire tout en jetant un regard amusé à son garde.

« Koll n'agira que s'il craint pour ma défense. ». Elle accrocha de nouveau le regard de l'homme. « Dont il n'a pas à se préoccuper pour le moment. ».

Et elle lui faisait comprendre par là qu'elle ne le craignait nullement. « Je me demandais si on pourrait parler quelques instants. Il me semble qu'on est parti sur de mauvaises bases, ce serait une bonne idée d'arranger les choses, tu ne crois pas ? » Adelheid l'observa quelques instants tout en réfléchissant à sa proposition. Que pouvait-il bien se passer dans l'esprit de ce jeune homme pour s'imaginer une seule seconde qu'elle accepterait sa présence ? Et encore plus sa compagnie ? La jeune femme croisa les mains sous sa cape tout en inclinant la tête.

« Et pourquoi aurais-je envie d'arranger les choses avec un homme qui ne s'est pas excusé après m'avoir ... Humiliée ? Si c'est le terme exacte pour décrire ce qu'il s'est passé il y a quelques semaines. ».

Elle ne voulait qu'une seule chose, rejoindre la plage afin de souffler. Mais avec ce goujat, cette tâche allait s'avérer plus compliquée que prévue. La noble esquissa un petit mouvement de la tête indiquant à son garde de prendre ses distances afin de leur laisser une certaine intimité. Elle avança ensuite de quelques pas afin de se retrouver au niveau de l'homme.

« Commence par me dire ton nom. Je déciderai à la fin du trajet menant jusqu'à la plage si je me sens capable de supporter ta compagnie ou non. ».

Adelheid grimaça face au tutoiement qu'elle s'imposait. Elle ne pouvait décemment pas vouvoyer un homme qui n'avait même pas pris cette peine et qui ne lui avait jamais montré aucun respect.

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Le deux jeunes gens s'engagèrent alors côte à côte dans la ruelle tandis que la nuit s'abattait lentement sur l'île. Les mouvements de Koll dans leur dos tentaient de se faire discret alors qu'ils avançaient tout deux en discutant. Décidément, la journée d'Adelheid prenait une tournure de plus en plus étrange, comme si le destin avait décidé qu'il devait s'acharner sur elle en ce jour. Une légère brise s'insuffla sous les pans de sa fourrure et la jeune Noble resserra les bras contre son torse afin de ne laisser aucune place libre à l'air pour s'infiltrer. « Un problème ? Je sens mauvais, c'est pour ça que tu grimaces ? » La documentaliste tourna alors la tête pour le regarder en face. Il était vrai qu'il n'avait pas une odeur des plus agréable, mais était-ce vraiment dérangeant ? Cette ville puait, à un tel point que l'odorat d'Adelheid s'était presque mit en sommeil afin d'éviter de tourner de l’œil, alors un peu plus ou un peu moins ... Elle secoua doucement la tête, tout en dissipant les doutes du jeune homme.

« Oh non, pas du tout, c'est juste que ça me fait étrange de tutoyer quelqu'un que je connais à peine. J'avais perdue cette habitude. »

Il fut un temps où Adel' était presque comme lui. Une enfant des rues, pauvre et sale qui ne rêvait alors que d'argent et de belles robes. Cette dérangeante nostalgie qui s'installa au creux de sa poitrine la mettait mal à l'aise. Pourquoi regretter une époque où sa famille manquait de tout et où il devaient survivre à défaut de pouvoir vivre ? « Je m'excuse de t'avoir humiliée, mais ce n'était pas l'intention. Concernant le seau d'eau, je ne t'avais pas vue venir, quant au prénom .... J'ai utilisé celui de ma sœur sans le vouloir. »

Adelheid le regarda avec suspicion, cette homme avait une trop grande facilité à se trouver des excuses, il modifiait si bien la vérité. Mais à quoi bon jouait-il ? A quel point était-ce si important pour lui d'être bien vue d'elle ? Qu'avait elle de si particulier qui pouvait bien l’intéresser ? « C'est presque un compliment en fait, même si je conçois que ça ne doit pas être agréable de se faire comparer à une roturière quand on vient de ton milieu ... » Quand on vient de ton milieu. La jeune femme fronça les sourcils, elle avait toujours voulu devenir une noble, depuis son plus jeune âge, mais plus le temps passait et plus ce fossé qui se creusait entre les gens de sa condition et le peuple la dérangeait. Elle était catégorisé, affectée par les préjugés alors que les autres ne la connaissait même pas. Son visage se ferma quelques instants, tandis qu'elle cherchait ses mots. Finalement, elle redressa la tête tout en fixant la rue qui s'étendait devant eux.

« En réalité je ne t'en tenais pas réellement rigueur. Mon égo de jeune femme en avait certes pris un coup, mais rien d'insurmontable. ». Son regard accrocha de nouveau le sien. « Tu n'as pas besoin de faire tout ça ... ». Dît elle en le désignant d'un geste vague. « De tenter de me dire ce que je souhaite entendre. Tu peux être toi même et dire la vérité. Pour ma part, ça m'amusait juste de voir un homme tel que toi, faire des excuses à une femme.».

Un éclat de malice se manifesta dans le regard de la noble tandis qu'un petit sourire se dessinait sur ses lèvres. Elle préférait les gens entiers, sans faux semblants, car quitte à se faire une idée sur eux, elle préférait connaître les ambitions de chacun. Alors que la nuit tombait, les pavés se firent glissants avec la brume qui s'installait dans la ville. Le trajet n'était plus très long jusqu'à la côté et Adel' se sentait malgré tout rassurée d'avoir deux hommes à ses côtés, bien que les intentions de l'un d'entre eux n'étaient pas très claires. « Je m'appelle Svein, mais tu peux m'appeler autrement si tu veux, ce sera ta vengeance et nous serons quittes ? » D'un ton amusé, la jeune femme enchaîna.

« La vengeance, ce n'est pas pour moi. Je la laisse aux autres, et à mon avis, beaucoup doivent se bousculer pour l'obtenir. ». Svein. Elle pouvait à présent mettre un nom sur ce visage si arrogant. Cette homme en voulait à la vie, il avait clairement quelque chose à prouver au monde. C'était un bel homme, personne n'aurait pu dire le contraire, mais quelque chose de sombre l'habitait, un désir si noir qu'il en était presque effrayant. Seulement, Adel' ne le connaissait pas et n'aurait su dire si ce sentiment était réel ou juste feint. « Tu ne me demandes pas mon prénom, j'en conclu que soit tu le connais déjà, soit tu n'en as que faire. » Dit elle sur le ton de l'humour.

La présence de cet homme ne lui était pas si supportable en fin de compte. Et ça faisait du bien à la noble de côtoyer des personnes qui ne cherchaient pas à constamment soigner leur apparence. Des gens vrais. Elle haussa les épaules lorsqu'il lui demanda si elle venait souvent se promener la nuit, il n'avait pas besoin de savoir que certaines journées pouvaient être intenses et qu'elle avait besoin de relâcher la pression, de même qu'elle ne cherchait pas particulièrement à admirer un paysage mais juste se vider l'esprit avec le bruit de l'océan. « Alors, dis-moi, que pourrais-je faire ou dire pour arranger les choses et me faire pardonner ? Je sais que tu ne me dois rien, mais tu ne vas pas me dire que ça ne te fait pas plaisir de voir quelqu'un te supplier de lui pardonner, non ? »

« Évite de me jeter d'autres seaux au visage. Ça sera bien suffisant. Et j'avoue que c'est très satisfaisant de te voir les yeux suppliants. ».

La jeune femme sourit de nouveau en détournant le regard alors qu'ils arrivèrent tout trois à l'extrémité de la ville. Encore une courte distance à parcourir et ils seraient sur la plage.

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Les galets mélangés aux grains de sables s'entrechoquèrent les uns contre les autres lorsqu'ils arrivèrent sur la plage. L'odeur d'iode se fit alors plus franche, envahissant les poumons de la Noble tandis qu'elle prenait une grande inspiration. Éclairés seulement d'une faible lueur par les torches qui étaient fixées sur les murets de la ville, Adelheid pouvait seulement discerner le sourire en coin qu'affichait Svein. « Tu aurais pu dire ça lorsque j'ai été moi-même au moment de te jeter un seau d'eau en plein visage. » Oui elle aurait pu, mais à ce moment là, une telle colère l'avait envahit qu'elle n'aurait pas été capable d'aligner deux mots aimables à l'égard du marin.

« Alors quoi ? Tu vas te forcer à être quelqu'un que tu n'es pas juste pour mon bon plaisir ? Qu'est ce qui te motives à agir ainsi Svein ? »

Elle ne s'attendait sûrement pas à ce qu'il le lui dévoile, et encore moins à ce qu'il lui dise la vérité. Après tout, Adel' ne savait rien de cet homme. Elle avait seulement apprit son prénom quelques minutes auparavant alors de là à dévoiler ses intentions, il y avait un énorme gouffre. « Je le connais, oui. Après avoir gaffé deux fois, quand j'ai voulu me rattraper, je me suis renseigné un peu. Tu ne passes pas inaperçue, beaucoup de monde te connaît en ville.» Une part d'elle s'enorgueillie de cette reconnaissance, cela voulait dire que l'homme avait prit la peine de se renseigner à son sujet et il piqua encore une fois sa curiosité. Pourquoi se donnait-il cette peine ? La jeune femme baissa les yeux, observant le bas de ses robes tout en déclarant.

« Beaucoup de monde me connaît comme la fille du Cher de l'Elite et non pas comme personne à part entière.»

Elle poussa un petit soupire tout en réfléchissant aux paroles de Svein. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre son cheminement et ne savait même pas s'il allait être franc avec elle. De toute manière, la jeune femme avait l'habitude des faux semblants. Elle en était sans cesse victime à la court et commençait même à se fatiguer de toutes ses manières, elle était fatiguée des manipulations. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle se mêlait souvent aux gens du peuple, afin de retrouver l’authenticité qu'elle avait connue autrefois et qui disparaissait au fil de temps à la Cour. Lorsqu'il lui demanda pourquoi elle en était venue à accepter qu'il lui parle, elle releva le regard à sa hauteur en riant légèrement.

« Mon quotidien est épuisant moralement et parfois ça me détend de penser à autre chose que les ambitions politiques de chacun. Et je voulais dire un homme qui n'éprouve pas grand respect pour les femmes. Car c'est ce que j'ai crue comprendre à ton sujet. Je me trompe ? ».

Adelheid était peut être naïve et même parfois un peu fleur bleue mais elle n'était pas dupe. Cet homme puait la confiance en lui et la suffisance à des kilomètres à la ronde. Mais la jeune femme en avait assez des manières et assez de ce masque froid qu'elle s'imposait dû à son statut. Et Svein était là pour ça non ? Alors peut être qu'il cherchait à l'utiliser dans un but qu'elle ne connaissait pas encore, mais à sa manière, la noble se servait aussi de lui.

Une petite brise commença à s'élever sur la plage, faisant s'envoler quelques mèches de cheveux d'Adelheid qui vinrent gêner sa vision. Elle leva alors sa main gantée pour les replacer derrière ses oreille d'un geste assuré. Il avait peut être confiance en lui, mais elle aussi et elle ne se laisserait sûrement pas déstabiliser ainsi, par de simples mots. « Et sinon, que fais-tu de tes journées ? Tu vas peut-être me dire que ça ne me concerne pas, mais si tu ne m'as pas encore chassé, j'imagine que ça veut dire que tu es d'accord pour faire connaissance. À part te promener sur la plage et te faire arroser par des seaux d'eau, comment occupes-tu ton temps ? J'imagine que tu n'as pas forcément besoin de travailler. » Était-ce seulement de la curiosité lié au fait qu'il voulait apprendre à la connaître où était-il guidé par une ironie malsaine ? Adel' ne savait quoi penser de toutes ses questions.

« Ça fait beaucoup de questions. ». Elle lui jeta un regard appuyé avant de continuer. « Entre les dîners, les bals organisés pour tierces raisons, les réunions politiques, et pleins d'autre devoirs de noble, je n'ai que peu de temps pour moi. Alors souvent, je me fais porter malade ou fatiguée afin de pouvoir y échapper. ».

Elle ne voyait pas pourquoi elle aurait dû lui cacher ces détails. Après tout, ils venait tout deux de mondes totalement différents, et un marin comme lui n'aurait pas grand chose à faire de ces informations qui n'avaient que peu de valeur. Elle attendit quelques secondes avant de rajouter.

« Et non je n'ai pas besoin de travailler mais je m'y emploie tout de même car quoi de plus dégradant que de subir sa vie ? ».

Adelheid n'allait sûrement pas se résumer à être un femme objet, que l'on exhibait tel un trésor lors des événements. Ses parents la couvaient trop, mais elle seule savait réellement ce qui était bien pour elle. Et ces derniers temps, sa vie se résumait à un mortel ennui. La jeune femme finit par se retourner et vint se positionner face à lui, ainsi placée, elle remarqua la différence de taille régnant entre eux, si bien qu'elle dû relever la tête afin de le regarder dans les yeux. Elle ne décrochait pas de son regard, bien déterminée à découvrir les ambitions du marin.

« Qu'attends tu de moi Svein ? Car je me doute bien que tu ne cherches pas juste à te faire excuser par acquit de conscience.».

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Svein ne broncha pas lorsque la jeune femme le fixa du regard, il le lui rendit même, plantant ses prunelles dans les siennes. On disait que les yeux étaient les fenêtres de l'âme. Dans le cas présent, ceux du marins étaient impénétrables, au grand désarroi de la jeune femme. Elle qui pourtant était douée pour lire les personnes se trouvait face à un mur. « Va savoir.... » Il s'échappait, n'ayant pas envie de dire la vérité mais ne voulant pas non plus inventer un mensonge qui tenait la route. Adelheid serra les dents, au final, en quoi était-ce différent de côtoyer cet homme que ceux qu'elle affrontait tous les jours ? Ils étaient tous les mêmes, à cacher et mentir. « Peut-être. En tous les cas, les hommes qui m'ont parlé de ton n'ont pas commencé en me parlant de ton père si ça te rassure. » La Noble haussa l'un de ses sourcils face aux sous entendus que cachait cette révélation. Elle ne cherchait pas à être rassurée, mais qu'on parle d'elle et non pas de la fille du Chef de l'Elite attisait sa curiosité. Que pouvaient-ils bien dire d'elle ?

La jeune femme haussa les épaules lorsqu'il lui demanda s'il devait changer pour faire plaisir aux autres. Qui était-elle pour lui dire comment il devait agir ? Elle pencha légèrement la tête sur le côté tout en affichant une petite moue pensive, puis au bout de quelques secondes, lui dit d'un ton léger.

« Je pense que tu devrais être plus intelligent que ça, et laisser croire le contraire aux gens.» Elle plissa ensuite les yeux et le dévisagea de haut en bas. « Comme ce que tu es en train de faire avec moi par exemple.»

Elle venait juste de le comprendre. Il jouait avec elle, le marin attendait quelque chose et il jouait à un jeu qu'il n'avait pas l'habitude de faire car il se montrait délicat ? avec elle. Le souffle régulier, d'où exhalait une brume blanche à chaud fois qu'elle expirait, Adelheid tentait de deviner les pensées secrètes de Svein. Aussi intéressantes pouvait être ses manigances, la documentalistes n'aimait pas que l'on se joue d'elle. « Rien de particulier en vérité. Quoique... du changement ?» Adel' écouta d'une oreille attentive tout ce qui suivit et plissa les lèvres. Elle voulait découvrir les gens du peuple, il voulait apprendre à connaître un noble. Au final, chacun répondait à la curiosité de l'autre. La jeune femme, soudain amusée redressa la tête tout en se mettant à faire des allers retours devant lui. Ses pas s’enfonçaient de quelques centimètres à chaque fois qu'elle posait un pied mais ne gênait en rien ses mouvements. Elle reprit d'une voix pleine d'excitation.

« Et bien Svein, je viens d'avoir une idée.»

La jeune femme vint de nouveau se positionner devant le marin, quoi qu'un peu plus proche qu’auparavant et lui souffla d'une voix pleine d'enthousiasme, accompagnée de mouvements imageant son récit.

« Tu cherches à en découvrir plus sur les Nobles. A en apprendre un peu plus sur quelqu'un comme moi, pour reprendre mes mots. Et je cherche à en découvrir plus sur les gens comme toi. Alors ... Pourquoi pas ?».

Adelheid afficha une petite moue amusée tandis qu'elle lui fit cette proposition. Il y avait deux réactions possibles, soit le jeune homme s'imaginerai que la noble était totalement folle de lui proposée une telle chose, soit il allait lui dire qu'il avait autre chose de plus important à faire que d'assouvir la curiosité d'une petite fille de riche. Ou encore, troisième réaction possible, il allait accepter. Et c'est cette possibilité qui excitait le plus la brune.

« Réfléchis-y, qu'à tu à y perdre ? Pas trop travail en tout cas, car si je venais à te faire manquer à tes obligations et que tu perdais ton poste de marin, je dédommagerai le Capitaine pour ses pertes et il te garderai dans son équipage. Au final, la question qui se pose, c'est arriverais-tu à supporter ma présence ?».

La noble n'avait aucune idée du terrain sur lequel elle les menaient tous les deux. Elle prenait beaucoup de risques à lui proposer une telle chose, car proposer à un homme du peuple de passer du temps avec elle et de découvrir son monde était un déshonneur probable aux yeux de son père. Mais Adelheid n'en avait que faire, elle avait besoin de changements et elle sentait que Svein pourrait lui apporter cette dose de folie qu'il manquait terriblement à sa vie depuis quelques temps.

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Alors que la jeune femme trouvait son idée renversante tant elle était bien trouvée, le marin quand à lui accueillit cette nouvelle avec le plus grand doute. L'excitation de la noble retomba comme un soufflet tandis qu'il lui demandait tout cette histoire en valait la peine. Bon après tout, Adel' s'était peut être un peu emballée. Sa joie soudaine retomba et elle se calma face à Svein, après tout, s'il ne trouvait pas l'idée attrayante, tant pis. Elle se trouverai d'autres occupations. « Ma chère, tu sauras que j'ai huit frères et sœurs dont plusieurs qui sont particulièrement insupportables. Je crois qu'à côté, passer du temps avec toi serait plus proche des vacances qu'autre chose. » Oh mais il n'avait jamais eut de soeur comme Adelheid. Elle lâcha elle aussi un petit rire en y pensant et lui répondit.

« Oh, je sais me montrer très désagréable aussi avec mes manière de Noble tu sais !»

Bien évidemment, elle riait de tout cela, car quoi de plus insupportable qu'un Noble en train de faire un caprice ? La jeune femme se doutait que tout ces comportements devaient irriter le Bjǫrnson au plus haut point et si ce n'était pas le cas, cela voulait signifier que Svein n'était pas si terrible que sa réputation le laissait entendre. « C'est vrai que ta suggestion ne demande pas trop de travail ni d'obligations, mais tu n'es pas sans savoir que les rumeurs vont vite dans une ville comme Hjarta.» Adelheid releva de nouveau un sourcil se demandant pourquoi il se préoccupait de simples rumeurs ? Concrètement, il n'avait pas grand chose à perdre, si bien l'un que l'autre, mis à part du temps et de l'argent pour la noble. Elle haussa les épaules et dis d'une voix doucereuse.

« Craindrais tu pour l'intégrité de ma vertu Svein ? Si c'est cela qui te préoccupe, ce dont je me permets de douter, ne t'en fais donc pas, je sais très bien gérer les commérages. »

Et elle l'avait appris à ses dépends tout au long de sa jeunesse. Alors que les autres jeunes s'amusaient à lancer tout un tas de fausses rumeurs à son encontre, Adelheid avait compris avec le temps que chercher à les démentir ne servait en réalité qu'à les alimenter. Elle avait donc décider de laisser les gens parler, et de ne plus se fatiguer à tenter de rétablir la vérité. La noble écouta Svein, plissant les lèvres au fur et à mesure qu'il lui exposait ses préoccupations, à croire que la jeune femme était devenue une sorte de confidente en moins de cinq minutes. S'il savait comme elle n'en avait que faire qu'il puisse passer pour un chien docile ... Elle le fixa pendant quelques secondes, légèrement dépitée devant son manque d'entrain avant de répondre.

« On pourrait dire que tu es un noble de Gamall qui vient de temps en temps faire affaires sur les îles. Je demanderai à mon tailleur de te concevoir des costumes sur mesures. Ainsi plus de problèmes.». La jeune femme souffla avant de continuer. « Enfin je ne sais pas, si ça ne te tente pas plus que ça, abandonne l'idée.».

Elle n'allait quand même pas le supplier si ? Après tout, ce n'était pas elle qui chercher à s'excuser d'un comportement de goujat. Adelheid cherchait juste à s'amuser autrement et à faire en sorte que son temps libre passe plus rapidement. Alors, s'il avait trop peur pour sa sécurité, et bien, qu'il reste sur son Drakkar, là il ne craindrait rien. La jeune femme lui lança un regard de biais.

« Je t'aurais cru plus téméraire. Je me suis visiblement trompée ...».

C'était là un stratagème qu'elle mettait habilement en place afin d'attiser la curiosité du jeune homme. Au fond d'elle, elle espérait quand même qu'il allait accepter le défis, car Adelheid devait bien avouer qu'il était fort tentant, mais elle ne montrait rien de ses aspirations secrètes.