Quantités de gens s’étaient rassemblés autour du nouvel Höfðingi après qu’il eut triomphé de son père, pour s’assurer de sa faveur. La Longère était bondée de Capitaines, Artisans, Guerriers comme Nobles issus de toute l’île ou presque. Chaque absence était remarquée mais les présents ne cessèrent de défiler devant Harding, lui fourrant tant et tant de présents entre le mains ou l’assommant de récits de guerre et de pillages tout en vantant la gloire et la libéralité de son règne à venir.
La chère était succulente et la bière de derrière les fagots. Harding avait veillé à vider les mets personnels de son prédécesseurs pour récompenser la loyauté de ses soutiens. Il y eut du bœuf rôti, saignant, d’un gout rare, ainsi que des canards farcis et de pleines corbeilles de crabe tout frais. Tous pourraient admirer que les bonnes femmes qui assuraient le service étaient vêtues de fins lainages et de luxueux velours. Point de souillons nippées des frusques des dames de son prédécesseur mais bien les dames de son père et de ses frères. Harding trouvait ça marrant de leur faire jouer les boniches et les échansons. Elles étaient neuf en tout : belle encore, même si la maturité l’avait pour sûr attaquée, l’épouse de l’ancien Höfðingi elle-même. Le restant plus jeune, âgé de trente à dix ans, se trouvait composé de ses filles, belles-filles et de leurs propres filles.
Tyr, son Höfðingi de père adoptif, trônait à sa droite sur l’estrade, affublé de ses plus beaux habits tâchés du sang s’écoulant des plaies lui ayant ôté la vie. On lui avait attaché les bras et les jambes à son fauteuil et fourré dans la bouche un plantureux et fringant navet blanc. Harding s’était arrogé la place d’honneur du maitre de céans et il martela la table avec sa coupe pour réclamer le silence.
● "Femmes, cria t’il à ses aristocratiques servantes, Je m’inquiète pour vos belles robes. Je ne voudrai pas qu’elles soient souillées de bière, de graisse et d’empreintes crasseuses de doigts baladeurs. C’est que j’entends laisser mes femmes-écume choisir leurs gardes robes personnelles parmi les vôtres une fois le festin terminé, hé !" Une lueur enjouée pétilla dans le regard d’Harding. C’était une chose que de tuer un ennemi, c’en était une autre que de l’humilier. "Aussi feriez-vous mieux de vous déshabiller !"
La grande salle fut balayée par des rugissements hilares et s’éclaffait en leur retournant obscénités sur obscénités. Quant aux interpellées, que pouvaient elles faires d’autres, privées de leurs époux et protecteurs assassinés, qu’obtempérer ? La plus jeune versa quelques larmes mais sa mère la réconforta et l’aida à délasser sa robe dans le dos. Après quoi, elles continuèrent à se déplacer le long des tables et à remplir chacune des coupes vides qui se tendaient. Bref, à servir comme auparavant, sauf qu’elles le faisaient désormais à poil !
Du bout de l’estrade éclate le rire de Bras-Rouge à ce spectacle. Du sein de la foule de convives, l’on entendit claquer la large paluche d’un capitaine sur le rebondis fessier d’une des servantes humiliée. Harding n’en rigola qu’à gorge mieux déployée. Et alors que le nouveau maitre de l’île saisit à pleine main un pichet d’hydromel pour étancher sa soif, tous -ou presque- en ces murs entendaient dignement célébrer sa victoire. Comme de véritables Snakrsons !