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Une foi qui ne doute pas est une foi morte ▬ Hellä Cadre1Une foi qui ne doute pas est une foi morte ▬ Hellä Cadre3

Une foi qui ne doute pas est une foi morte ▬ Hellä

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Message posté : Jeu 15 Fév 2018 - 11:13 Message
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Svein Brynjolfson
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Svein Brynjolfson

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Une foi qui ne doute pas est une foi morte

Hellä Sörendóttir et Svein Brynjolfson


Ida était très pieuse. Parfois, Svein se demandait comment elle pouvait passer autant de temps à aller prier au temple alors qu'ils menaient une existence de misère depuis leur naissance. Leurs parents n'étaient pas riches et ils n'avaient pas été capables d'offrir une vie plus agréable à leurs enfants. Une mère effacée et refusant d'admettre qu'elle avait épousé un raté, un père infidèle et plus absent que présent, ils avaient rapidement dû apprendre à ne compter que sur eux. Enfin, sur eux et sur leurs nombreux frères et sœurs ! Car, Svein devait l'admettre, s'ils n'avaient pas possédé beaucoup de choses, leurs parents avaient su remplir leur modeste demeure d'une ribambelle d'enfants.
Malheureusement, même ç avait fini par disparaître.

Après la disparition de leur géniteur, les enfants avaient encore accueilli une dernière-née dont personne ne connaissait vraiment le père – malgré les rumeurs qui circulaient à ce sujet – puis c'était au tour de leur mère de disparaître. Après ça, ils s'étaient débrouillés comme ils pouvaient et Svein avait vraiment cru que la situation allait s'améliorer, jusqu'à ce que la personne en qui il avait le plus confiance le trahisse et réduise à néant toutes ses chances de sortir de la misère. Après tout cela, il avait été incapable de croire en l'existence d'un dieu, hormis si ce dernier était réellement sadique et se complaisait face le malheur d'autrui. Au grand dam de ses sœurs – toutes très croyantes – le trentenaire s'était détourné de la religion au point que sa tante aille régulièrement demander l'aide d'un prêtre de sa connaissance. Toujours en vain jusqu'à présent.


Il évitait toujours de s'approcher des temples et de croiser ces personnes-là, pourtant ce jour-là il n'eut pas franchement le choix. Après avoir été rendre visite à sa tante, Svein fut recruté pour aller récupérer Ida et les jumeaux. Ces derniers avaient beau être grands, il leur arrivait encore souvent de faire des sottises. Leur tante s'inquiétait donc de les voir rentrer seuls, surtout après les soucis que Sigrid avait eu avec un garde et elle avait harcelé son neveu jusqu'à ce qu'il accepte finalement d'aller retrouver les trois monstres. Au fond, il se demandait surtout si sa tante n'avait pas prévu tout ça dès le début en se disant que ce serait une énième chance de pousser le jeune homme sur la voie de la dévotion. Elle était bien courageuse de croire que c'était encore possible, mais il était vrai qu'elle ignorait une grande partie de l'histoire de son neveu.

Ce dernier gagna donc le quartier religieux tout en traînant des pieds. Il y arriva un peu trop rapidement à son goût, mais préféra expédier rapidement cette histoire. Son regard clair se promena sur les environs, cherchant une trace des jumeaux ou d'Ida, mais en vain. Oh, ils étaient certainement à l'intérieur d'un temple, mais il était hors de question pour Svein d'y mettre un seul pied !
Son regard finit par repérer une silhouette féminine non loin de là. Elle ne le regardait pas et le trentenaire s'approcha rapidement d'elle jusqu'à pouvoir l'interpeller.

« Hé, j'ai besoin de votre aide ! »

Lorsqu'elle lui fit face, il constata qu'il s'agissait d'une jolie donzelle aux cheveux de feu et il ne put s'empêcher de se demander ce qu'elle faisait dans un tel quartier. Il ne lui vint pas à l'esprit une seule seconde qu'il puisse avoir affaire à une religieuse. Faisant fi de ces questionnements, le trentenaire reprit finalement la parole :

« Mes sœurs et mon frère sont dans l'un des temples, je dois les raccompagner chez eux, mais je n'ai pas le temps d'attendre. Est-ce que vous pourriez aller voir si vous les trouvez ? Vous les remarquerez rapidement, les jumeaux sont assez pénibles pour marquer les esprits. »

Bien sûr, il ne songeait pas vraiment au fait qu'il allait les gêner en pleine prière et qu'il gagnerait plutôt à les attendre dehors. Ou à rentrer lui-même. Mais cette femme allait bien s'exécuter sans protester, non ? Après tout, c'était le rôle de la femme. Sans être misogyne.
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Message posté : Jeu 15 Fév 2018 - 17:35 Message
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    La journée s’annonçait belle. D’abord, dans la matinée, on informa Hellä qu’un mendiant dont elle avait soulagé les maux était aux portes du Temple et voulait la remercier. Bien qu’on lui avait appris à rester humble et modeste, il était toujours plaisant d’être apprécié pour ses bienfaits. Il ne s’agissait que d’oranges, mais le geste était particulièrement touchant. La rouquine les accepta simplement, à l’exception d’une qu’elle suggéra d’en faire don à la déesse Miðgarðr. S’en suivit les prières et corvées journalières : c’était avec plaisir qu’elle effectuait ses tâches qui, d’une certaine façon, donnaient un sens à sa vie. Elle avait quitté son village pour cette vie, pour servir et adorer les dieux, en dépit des épreuves qu’ils lui avaient envoyé. Frottant vigoureusement le sol du cloître, la prêtresse songeait à tout ce que sa décision lui avait apporté. D’abord, la jeune femme avait pris conscience que, même si le destin n’était pas une fatalité, un chemin était tracé pour chacun. Et surtout, Hellä avait trouvé une nouvelle famille, infiniment plus grande, aimante et solidaire. Les prêtres ont croisé son chemin et lui ont donné l’opportunité d’une nouvelle vie. Une vie ayant du sens et dans lequel elle est réellement utile.

    Elle arborait un immense sourire alors que l’odeur du citron dans le produit nettoyant commençait à imbiber ses vêtements. Valdemar s’approcha d’elle afin de la relever de sa tâche , et de lui en confier une autre. Le temple de Fagr avait besoin de quelques prêtres pour la bénédiction d’une union, et étant l’une des rares prêtresses ayant connaissance de la plupart des rites, il était nécessaire de l’y envoyer. Hellä ne pouvait refuser, d’abord car Valdemar était son supérieur, ensuite car elle adorait pratiquer ce genre de rituels. Après tout, y avait-il quelque chose de plus beau que l’amour, ou une naissance ? Probablement pas. En tout cas, la jolie rousse ne voyait pas.

    Le froid obligea la douce femme à enfiler une cape et davantage protéger sa gorge. Le mal se propageait rapidement après tout, et la prévention restait la meilleure défense. Retenant les pans de sa pèlerine, Hellä quitta l’enceinte sacrée du temple pour se mêler à la foule des rues du quartier religieux. Le soleil réchauffait les visages en ce mois de Regn et il était plaisant de voir les temples resplendirent sous l’astre du jour. La grisaille commençait sérieusement à miner le morale de la rouquine.

    En avance, elle flânait dans les ruelles, se dirigeant vers le temple où avait lieu le rituel. La diversité des visages qu’elle croisait lui mettait du baume au cœur, prouvant que la religion, la foi, n’avaient pas d’origine ni de rang social. Légère et pensive, une voix l’interpellant la sortie de sa contemplation. Lui demandant son aide, la jeune femme s’approcha, le détaillant du regard. Bien bâti, il devait sans doute être un guerrier, où faire parti de la garde.

    « Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? »

    S’en suivit une demande des plus singulières. Hellä n’était pas pressée mais tout de même, il était très inapproprié de l’assumer. La rouquine était cependant bien trop douce et serviable pour refuser d’aider son prochain. Toujours souriante, elle répondit :

    « Et bien je vous aiderez très volontiers, mais accompagnez-moi donc ! Vous connaissez vos frères et sœur, alors peut-être savez vous déjà dans quel temple ils se trouvent. Et puis, pourquoi ne pas profiter de cette belle journée pour adresser vos prières aux dieux, afin qu’ils éclairent votre chemin et guident vos actions. »

    Après tout, la jeune femme avait le temps pour accompagner un fidèle à la prière. N’était-ce pas sa vocation première ? L’accalmie était forcément un geste de clémence des dieux, pour remercier ceux qui leurs sont fidèles. Il fallait donc honorer cet acte de bonté.
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Message posté : Jeu 15 Fév 2018 - 20:20 Message
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Svein Brynjolfson
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Lorsque la jeune femme prit la parole, Svein resta quelques instants interdit. C'était une bigote, ce qui n'avait rien de très surprenant aux abords des temples, mais il ne l'avait pas vu venir ! Elle n'en avait pas... l'apparence ? Peut-être. Autant se l'avouer, les religieux se mariaient moins souvent que les autres pour la bonne et simple raison qu'ils n'apportaient pas d'atelier ou de magasin florissant en échange. Les mariages arrangés étaient donc moins fréquents, c'est pourquoi Svein s'était toujours imaginé que les familles peu aisées refilaient les moins jolies filles aux prêtres, histoire de faire une bonne action et de ne pas regretter la perte d'une ravissante demoiselle offrant un potentiel mariage arrangé. Alors, oui, il était plutôt étonné que cette fille soit aussi dévote, mais rien ne lui disait qu'il s'agissait bel et bien d'une religieuse – même si ses paroles y ressemblaient.

Après ces quelques secondes de surprise, Svein laissa son amusement prendre le dessus et lâcha un léger rire. Elle était vraiment sérieuse ? Oui, ça se voyait dans son regard. C'était le type de femme qui pensait que tout le monde croyait forcément en l'existence d'une force supérieure... sauf que ce n'était pas le cas du trentenaire, bien au contraire !
Le rire ne dura pas longtemps, Svein retrouva le silence tout en arborant une expression un peu moqueuse. Ce n'était pas bien aimable, mais il avait perdu cette qualité depuis belle lurette. Désormais, les sentiments négatifs prenaient généralement le dessus.

Ses prunelles dévisagèrent la jeune femme durant quelques secondes avant qu'il ne secoue la tête en signe de dénégation.

« Je ne crois pas, non. »

Le ton était assuré, signe qu'il ne disait pas ça en étant en proie au doute. Non, c'était une décision mûrement réfléchie et cela depuis plusieurs longues années. Un léger soupir lui échappa tandis qu'il détournait brièvement son regard de la demoiselle pour observer les environs. La zone était pratiquement déserte, certainement à cause du froid glacial qui dominait les îles depuis un petit moment. Le vent froid qui balayait les environs n'y était pas pour rien non plus. Ses yeux bleus se reposèrent finalement sur l'inconnue.

« Je ne sais pas dans quel temple ils sont tout simplement parce que je ne sais pas ce qu'ils prient. À dire vrai, je m'en fiche un peu et je n'ai pas le temps de les attendre. Qu'ils prient ici ou ailleurs, ça ne changera rien, le résultat sera toujours le même. » Et toujours inutile. « Et je n'ai pas plus l'intention de prier quoi que ce soit ou quoi que ce soit. Je n'aime pas spécialement perdre mon temps. »

Ou pas dans de tels endroits. Pour ce qui était de passer la journée à la taverne du coin par contre, c'était une autre histoire ! Mais là n'était pas la question, Svein ne cherchait pas forcément à choquer la jeune femme ! Il voulait simplement retrouver la trace de ses frères et sœurs pour se débarrasser de cette tâche... bien qu'il n'ait rien d'autre de prévu pour la journée.

« Je n'ai pas envie de mettre les pieds dans ces endroits. Alors, dites-moi non si vous n'avez pas le temps et je me débrouillerai autrement. » Sauf qu'il n'en avait pas trop envie. « Cela dit, je croyais que c'était le truc des religieux de chercher à aider les autres. S'ils tardent trop, je les laisserai rentrer seuls et ce n'est pas très sécurisé, alors à vous de voir ce que vous préférez faire... »

Bien sûr, il n'oserait jamais faire culpabiliser une parfaite inconnue qui semblait relativement souriante, ce n'était pas du tout son genre !
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Message posté : Sam 17 Fév 2018 - 13:15 Message
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    Un silence suivit la proposition de Hellä. Elle restait souriante, ses grands yeux bleus posés sur son interlocuteur. Avait-elle dit quelque chose de mal ? Peut-être la prenait-il pour une religieuse peu encline à aider son prochain ? Elle ignorait comment les autres prêtres et prêtresses se comportaient face aux demandes de fidèles, et n’avait en réalité jamais pris la peine de poser la question. Durant un instant, la jeune femme s’inquiéta de son attitude, mortifiée à l’idée d’avoir pu porter préjudice aux principes religieux. En y repensant, lorsqu’elle requérait de l’aide, on s’empressait de l’assister. Ses interactions avec le peuple avait été très limités par le passé après tout et puis, l’erreur est humaine. La rouquine s’apprêtait à se confondre en excuses lorsque le passant eut un rictus, ce qui la laissa coite. Voilà que son attitude était sujette à moquerie ! Personne n’aimait être l’objet de raillerie et malgré son abnégation, il en allait de même pour la dévote. Elle finit par croire qu’il n’était simplement pas très aimable. Sa réponse, simple et nette, confirma ses soupçons.

    Il était difficile de rétorquer après cela, un ton si convainquant et affirmé déstabilisait. Aux yeux de Hellä, il était purement impossible de se détourner de la foi si… facilement. Une explication logique se cachait forcément derrière. Un manque de temps, peut-être ? Ou bien la crainte de déranger la prêtresse, qui n’avait suggérer cette prière commune seulement par devoir ? Non. Cela ne pouvait guère être la raison, puisqu’il demandait de son temps. Mais alors, s’interrogeait Hellä, comment pouvait-on prétendre manquer de temps pour un échange avec les dieux ? Cet homme semblait bien trop jeune et vigoureux pour être autant désenchanté.

    Sa réclusion dans le quartier religieux avait grandement faussé sa vision, quant aux pratiques et croyances de la population de Kolmen Kirosi. Évidemment, dans ce quartier, seuls les dévots se rendaient et il était presque impensable d’y croiser un impie. La prêtresse, choquée, était en même temps intéressée par l’histoire de cet homme : on ne s'éloigne pas de la religion sans raison, surtout qu’apparemment il est le seul dans ce cas au sein de sa famille. Elle le laissa s’expliquer, l’écoutant attentivement.

    Son ton par moment insultant dérangeait un peu Hellä, mais elle tentait de ne pas s’offusquer. Chacune de ses phrases soulevaient d’autant plus de questions dans l’esprit de la croyante. Il était clair que la famille, à ses yeux, était quelque chose d’important. Mais lorsqu’il en parlait en mêlant cela à la religion, ses paroles se teintaient d’amertume.

    « Vous savez, prier ne veut pas toujours dire croire. C’est parfois la seule solution que l’homme, dans sa grande détresse, entrevoit pour ne pas chavirer. La prière permet de garder espoir, et de s’en remettre à une force supérieur. Les épreuves que l’on traverse, aussi horribles soient-elles, ont un sens que seuls les dieux comprennent. »

    Esquissant un léger sourire, elle semblait désormais compatissante. Il n’était qu’une âme égarée qui s’était lassée d’attendre des réponses. Le professeur de Hellä lui avait parlé de cas comme le sien.

    « Vous voyez, j’ai été mise sur votre chemin par la grâce des dieux. M’apostropher était votre destinée, pour que je puisse vous aidez. Peut-être pas à retrouver votre foi, mais au moins à faire taire cette rancœur qui semble tapis dans votre cœur. »

    Sa journée prenait un tournant des plus excitants. La religieuse s’était toujours donnée comme mission de venir en aide à son prochain. Il ne s’agissait pas forcément d’aide physique, mais finalement, n’y a t-il pas de plus grandes douleurs que celle touchant l’âme ?

    « Je suis persuadée que vous avez une idée d’où votre famille se trouve. M’envoyer seule les chercher vous fera perdre davantage de temps. Il y a plus d’une dizaine de temple dans le quartier et certains à bonne distance les uns des autres. Je pense simplement que vous ne voulez pas le savoir. C’est compréhensible, après tout. Votre dédain envers la foi semble faire office de protection, et en l’ôtant, des souvenirs – probablement douloureux - remonteraient. »

    Elle hésita un instant, mais l’air ennuyé de l’homme l’incita à continuer.

    « Croyez-bien que je vous comprends. J’ai été comme vous il y a longtemps. Et, un beau jour, mes questions ont trouvé réponses. La déesse Miðgarðr m’a montré sa bonté en offrant l'entrée à l'Himinn à mes parents. »

    Aujourd’hui, elle n’avait plus autant de difficultés à parler de sa famille décédée. C’était une épreuve nécessaire qui lui avait permis de trouver sa place. Parfois tout de même, des larmes incontrôlables roulaient sur ses joues : dans ces instants, Hellä sentait la présence de sa mère à ses côtés et ses larmes ne symbolisaient que l’amour qu’elle lui portait.
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Message posté : Dim 18 Fév 2018 - 12:02 Message
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Svein Brynjolfson
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S'il y avait bien quelque chose que Svein n'aimait pas chez les religieux – en plus de leur dévotion envahissante bien évidemment – c'était qu'ils s'énervaient rarement. Ils avaient toujours l'air d'être apaisés et parfaitement maîtres de leurs émotions, tout le contraire de lui en somme. Malgré lui, le trentenaire les jalousait un peu. Pour se sentir aussi bien dans sa peau, il fallait être satisfait de ce que l'on avait, non ? Or ce n'était pas son cas, il était donc parfaitement logique qu'il se sente lésé. Même si ce n'était pas leur faute, il fallait bien qu'il déverse ses sentiments négatifs sur quelqu'un et comme Gabriel n'était pas là....

La jeune femme avait l'air sûre d'elle et la manière dont elle lui annonça que les dieux agissaient avec de bonnes raisons donnait presque l'impression qu'elle en avait eu la preuve. Sauf que Svein n'y croyait pas. Enfin, il n'y croyait plus. Astrid, sa mère, était une grande croyante et elle priait quotidiennement pour avoir un mari aimant, des enfants obéissants et une vie plus agréable. Elle était morte pratiquement ruinée et sans son époux qui avait disparu après une énième tromperie. Pourtant, même face à cet aveu d'impuissance de la part des dieux, Astrid avait prié une ultime fois en souhaitant une vie plus agréable à ses enfants, lesquels se retrouvaient maintenant dans la pire situation qui soit. Après ça, comment croire que ces prétendus dieux existaient ?

Alors que la demoiselle parlait, Svein oscillait encore l'envie de la planter ici pour s'en-aller, puis celle de lui ouvrir les yeux. Après tout, ces religieux ne se gênaient pas pour essayer de le convertir alors pour quelle raison se priverait-il de souligner, les incohérences de leurs discours ? Helge avait déjà eu à entendre ses critiques à l'égard des divinités, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin !
Un soupir lui échappa tandis qu'elle terminait de parler et il secoua la tête comme s'il le prenait en pitié.

« Vous ne sortez pas souvent de votre temple, je me trompe ? » Question rhétorique. « Le problème avec les gens qui ont votre croyance, c'est qu'ils donnent l'impression que tout est une décision divine. Si je vous ai interpellée, ça n'a rien à voir avec les dieux, c'est simplement parce que je n'ai pas envie de passer ma journée ici et que vous vous alliez quelque part. Il n'y a aucune décision divine. » Svein secoua à nouveau la tête. « C'est comme de dire que c'est les dieux qui ont guidé la flèche du chasseur pour qu'il abatte sa proie. C'est stupide, il ne doit sa réussite qu'à son talent, pas à une quelconque intervention divine. »

Le ton de sa voix se faisait toujours dédaigneux sur la fin, mais il ne s'en rendait même plus compte. Les années passées à ruminer l'avaient plus ou moins transformé en boule de négativité et face à une jeune femme qui semblait pleine d'entrain et de dévotion, le choc était important. Croisant ses bras sur son torse dans une position fermée, le marin ne détourna pas son regard du minois de la jolie rousse.

« Et s'ils existaient, au lieu d'intervenir pour des choses aussi stupides, ils feraient mieux de se bouger les fesses pour s'occuper de problèmes réellement importants. Sauf que vous allez me dire que c'est une raison secrète qui les pousse à rester passifs ? C'est assez facile comme excuse pour justifier son incompétence je trouve. » Le ton était fermé, signe qu'il était peu enclin à l'idée de revoir son jugement. « Je préfère croire qu'ils n'existent pas, parce que si c'était le cas, ils seraient juste incapables de faire quoi que ce soit d'utile. Et je ne suis pas sûr que l'incompétence soit préférable à une absence d'existence. » Un léger soupir lui échappa à nouveau. « Alors, n'essayez pas de comprendre quelque chose que vous seule imaginez, je n'ai rien à cacher, je n'ai juste pas pour habitude de faire confiance à des incapables. »

Décroisant ses bras, le marin eut un geste de la main comme pour chasser un sujet qui l'ennuyait. La vérité, c'était qu'il savait qu'il pouvait devenir très désagréable lorsque des sujets aussi épineux étaient abordés, mais que cette femme ne lui avait rien fait. Pourquoi s'en prendre à elle, elle n'y pouvait rien. Et si elle voulait se bercer d'illusions, tant pis pour elle.

« Inutile d'en parler davantage, il me semble évident que nous ne nous comprendrons pas. » Ses prunelles claires se détournèrent vers le temple le plus proche. « Je ne sais pas ce qu'ils prient. Je ne suis même plus sûr de connaître tous leurs noms. » Ceux des dieux, pas de ses frères et sœurs, évidemment. « Je crois qu'ils vont dans le temple principal d'après ma tante, mais je n'en sais pas plus. »

Il ne savait même plus à qui était dédié le fameux temple. La malheureuse religieuse allait certainement en faire une syncope.
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Message posté : Mer 21 Fév 2018 - 12:58 Message
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    Il était rare que l’on mette autant en question la foi de de Hellä. C’était d’ailleurs sa première fois. Elle éprouvait un plaisir presque coupable à échanger avec l’homme : avait-elle seulement le droit de se montrer aussi condescendante ? En prétendant connaître les pensées et actions des dieux ? Aussi pure que soit son cœur et son corps, sa tête bouillonnait de questions, d’arguments, n’attendant que le bon moment pour jaillir. Bien sur, il lui était arrivé de douter, se demandant si une vie de dévotion était réellement sa voie, s’imaginant davantage mariée, élevant des enfants et tenant une petite échoppe. Mais rapidement, elle revenait à ses sens et constatait qu’une vie sans foi était une vie sans espoir. Il lui était difficile d’imaginer la brume dans laquelle pouvait se trouver son interlocuteur et ne pouvait que le plaindre.

    Même si la rouquine semblait apprécier cette petite joute verbale, cela ne semblait pas être le cas du tas de muscles lui faisant face. Tout son corps exprimait son mépris et ses mots, bien que blessants, n’étaient qu’une infime portion de tout l’amertume qu’il avait en lui. Il n’avait pas du avoir une enfance facile, et sa vie semblait aujourd’hui tout aussi compliqué. En son for intérieur, elle espérait pouvoir le secourir d’une quelconque façon. Les pics acerbes qu’il lançait n’abattaient pas la jeune femme, déterminée à le détourner de ses idées si arrêtées. Si au moins elle parvenait à lui faire comprendre que dédaigner la religion n’était pas la solution à ses problèmes, mais peut-être même une des causes – après tout, il faut beaucoup de rage et de hargne pour haïr quelque chose, aimer est tellement plus simple, toléré étant encore plus aisé.

    « Et pourtant, vous auriez pu interpeller n’importe qui. C’est moi qu’inconsciemment vous êtes venu voir. Une personne qui serait susceptible de vous aidez, à un tout autre niveau que celui de retrouver vos parents. » Elle marqua une pause. « N’exagérez rien, le talent et le travail sont nécessaires, il serait idiot de le nier. Pourquoi croyez vous que l’on nous envoie des épreuves ? Les dieux nous guident seulement, nous sommes tout de même maîtres de nos gestes. Le chasseur sera devenu chasseur par un coup de pouce divin, mais il deviendra un bon chasseur par son acharnement. Actuellement, les dieux vous ont insufflé l’idée de me parler, à moi, mais la direction de nos échanges est totalement de votre autorité. »

    Sa réflexion la laissa songeuse un instant. Il n’avait pas tort après tout, il y a tant de malheurs en ce monde et aucuns de ses dieux ne se manifestaient. Et pourtant, malgré ses obstacles qui parfois semblent insurmontables, l’Homme s’est avéré en mesure de les franchir et à prouver sa valeur. De part ses épreuves, on a prouvé être digne de rester sur cette terre, si belle et fertile. Comment peut-on douter de la présence d’être supérieurs quand on observe les paysages, l’horizon ? Cela ne pouvait être que coïncidences, tant de beauté dans la création. Et puis, il était plus que logique qu’un être suprême veille sur chaque chose – on ignorait ce que l’horizon cachait, si au-delà des mers connues l’on trouvait d’autres îles, et peut-être même des plus grandes ! Le monde ne s’arrêtait pas après tout.

    « Vos doutes sont légitimes, très cher, mais afin d’essayer de comprendre des êtres qui nous sont supérieurs, il faut prendre un minimum de recul. Quel serait l’intérêt, pour ces démiurges, immortels, omniscients, d’intervenir massivement auprès des hommes ? Il n’y a rien de secret dans les décisions des dieux, nous sommes juste trop humains pour les comprendre. Les principes qui nous transportent, tel que la compassion, la colère, la tristesse, ne sont peut-être pas les même pour eux. Dans leur miséricorde, ils nous aident, sur des choses qui nous sembles anodines mais qui sont sans doute primordiales à leurs yeux. » 

    Au contraire de son homme , Hellä se tenait droite, les bras le long du corps, ses deux mains entrelacés devant elle. Son regard, plein de bonté, ne faillait pas, et son sourire esquissé de faiblissait pas. Elle semblait dans une bulle, confiante et sereine, imperturbable.

    « J’apprécie votre intérêt quant à mes croyances. » Elle continua. « Cette volonté dont vous faites preuves pour m’éclairer est tout à votre honneur. Mais croyez-bien que cela ne fait que me conforter dans ma foi, et l’aiguise. Ma dévotion, bien qu’entière, n’est pas aveugle, et il est important de remettre ce que l’on sait, ou ce que l’on croit savoir, en question. C’est un peu comme pour une épée, il faut l’affûter régulièrement si on l’utilise souvent.»

    Le fait qu’il souhaita mettre un terme au débat frustra un peu la religieuse. D’une voix calme et mesurée, elle répliqua :

    « Vous évitez le dialogue par peur de changer d’avis ? Auriez-vous peur de finalement comprendre et d’accepter que de telles croyances ont une raison ? »

    Assez satisfaite de son effet, elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel quand il avoua ne pas se souvenir des noms des dieux. La jeune insulaire ignorait si il se moquait encore d’elle ou si il était sérieux – était-ce au moins possible d’oublier une chose aussi élémentaire ?

    « Le temple de Heimr, je vous y conduit. »

    Hellä prit la direction du temple, que l’on voyait de loin. Les dorures apposées sur les écoinçons scintillaient, guidant les fidèles à la manière d’un phare, guidant les marins. Elle se stoppa brusquement et se retourna vers l’homme, le visage légèrement rougit, clairement honteuse.

    « Pardonnez mon impolitesse, j’ai omis de mentionner mon prénom : je m’appelle Hellä, et, comme vous l’avez compris, je suis la prêtresse du temple de Miðgarðr – la déesse des paysans et de la nature. »
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Message posté : Mer 21 Fév 2018 - 21:25 Message
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Svein Brynjolfson
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Svein avait vraiment pensé qu'elle se laisserait effrayer ou impressionner et qu'elle changerait de sujet, mais il semblait qu'il en fallait plus pour la décourager. Décidément ! Les femmes de cette ville commençaient à se laisser aller ! Plus les années passaient et plus il y songeait, mais que pouvait-il faire à part s'assurer qu'elles ne se comporteraient pas ainsi devant lui ?
Au lieu de s'énerver, cette fois-ci Svein laissa un bref sourire éclairer ses lèvres. L'acharnement lui plaisait toujours, même s'il pouvait parfois s'en lasser – notamment lorsqu'il était au fond du trou.

« Forcément, nous sommes dans le quartier religieux, j'avais plus de chances de tomber sur une religieuse que sur un citoyen. Ce n'est pas l’œuvre des dieux, c'est simplement la logique. Mais je conçois que les explications logiques ne vous conviennent pas, elles entrent trop en conflit avec les croyances religieuses. »

Il avait toujours un discours agressif, mais le ton de sa voix s'était légèrement adouci. Svein était quelqu'un de très impulsif et qui se laissait diriger par ses émotions. La ténacité de la jeune femme lui rappelait de bons souvenirs avec ses frères et sœurs – il y a fort longtemps – et le poussait instinctivement à se montrer mon vindicatif à son encontre, cependant il en faudrait beaucoup plus pour qu'il puisse envisager de la croire.
La dévotion n'était plus pour lui, à moins qu'un coup du sort ne chamboule totalement toute sa vie ! Mais il en doutait, même là le trentenaire serait capable de prétendre qu'il devait cette chance à son travail et à son acharnement.

S'il devait lui accorder quelque chose, c'était qu'elle ne perdait pas son calme ni sa patience et qu'elle était prête à répondre à tous ses arguments. Cela dit, c'était son travail, non ? Convertir les hommes pour leur faire croire qu'ils avaient quelque chose à gagner à rendre visite aux dieux. Le trentenaire était quelqu'un de très pragmatique, il avait besoin d'avoir des faits, de voir les choses pour y croire, autant dire que la dévotion aveugle n'était vraiment pas faite pour lui !
Il n'ouvrit pas la bouche jusqu'à ce qu'elle décide d'accepter sa demande de changer de sujet, mais sa provocation le poussa à rétorquer alors qu'elle se détournait pour prendre la direction du temple qu'elle venait d’énoncer.

« Comprendre et accepter, voilà deux mots qui me sont inconnus. »

C'était peu de le dire ! Svein était fermé d'esprit et obtus, il n'avait jamais accepté l'idée que sa sœur ne veuille pas se marier, alors pourquoi croirait-il que des dieux puissent exister ? Elle ne le connaissait pas et c'était tant mieux pour elle ! Le marin s'imaginait que leur rencontre allait sur sa fin, mais après seulement quelques pas, la jolie rousse s'arrêta avant de faire volte-face et se présenta. Il était vrai qu'il ne s'était pas présenté avant de l'admonester. Sauf que le trentenaire ne culpabilisait pas, il haussa brièvement les épaules avant de reprendre la parole :

« Il n'y a pas mort d'homme, je ne me suis pas présenté non plus. Je m'appelle Svein. Et je ne suis pas un prêtre comme vous vous en doutez. »

En ce moment il était marin, mais les choses évoluaient si rapidement que cette annonce ne serait plus forcément de rigueur dans quelques semaines. Ils reprirent la route et Svein resta silencieux quelques instants avant de finalement briser – à nouveau – le silence.

« Je n'ai pas peur de vous écouter, mon absence de foi est aussi inébranlable que votre croyance. » L'idée qu'elle puisse penser avoir gagné le taraudait trop pour qu'il laisse passer sans rien dire ! « Je ne peux pas croire une preuve qui ne soit pas palpable. Le jour où je rencontrerai un dieu, j'y croirai peut-être, mais pas avant. » Ses prunelles céruléennes se posèrent sur le visage de la religieuse. « Et peu m'importe qu'ils ne se montrent pas aux humains, s'ils sont trop snobs pour se mêler aux gens à qui ils doivent tout, alors ils ne valent pas la peine que je m'y intéresse. Sans les humains, personne ne les prierait, s'ils étaient respectueux, ils les remercieraient en leur rendant visite. »

Un point de vue certainement très primitif aux yeux de la demoiselle, mais tant pis. C'était sa manière de fonctionner, il n'allait pas changer ça simplement pour lui faire plaisir – déjà qu'ils ne se connaissaient pas....
Alors qu'ils arrivèrent près de l'entrée du temple, le trentenaire termina :

« Est-ce que ça vous gênerait de rentrer voir s'ils sont là ? »

Il lui demandait au lieu de lui imposer et venant de lui, c'était un gros effort !
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Message posté : Ven 23 Fév 2018 - 16:26 Message
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    Pourquoi croyait-on que la logique était forcément l’opposé de la religion. La logique n’était, au fond, qu’une création des dieux. Si les hommes sont en mesure d’user de logique, c’était uniquement par le bon vouloir divin. Ce qu’il appelle logique quelque part, c’est en quelque sorte une autorisation fournie par les dieux à se poser des questions. En s’interrogeant, on évolue, on se surpasse et on grandit. Il en allait finalement de même pour les croyances. La logique n’est qu’une épreuve de plus, envoyer par les dieux, pour tester notre foi. C’est tellement plus simple de se croire maître du monde pour certains. Il s’agissait peut-être là d’un complexe d’infériorité. Croire tout dominer, cela permettait sans doute de surmonter plus facilement certains obstacles, et donner des forces lorsqu’il fallait conquérir.

    Hellä comprenait que parfois, il était préférable de se croire seul, plutôt qu’abandonner. Personne n’a envie de penser qu’on lui a tourné volontairement le dos. La solitude, dans ces cas, est sans doute la meilleure des options. L’homme face à elle devait être dans ce cas. Ses propos en tout cas le laisser entendre. Il lui apparut soudain comme quelqu’un de plus fragile qu’il ne le paraissait.

    « Vous marque un point, effectivement. » finit-elle par dire, le laissant gagner cette petite bataille. « Après, sachez quand même qu’être croyant n’implique pas être dénué de logique. Je reconnais l’action de l’homme, mais lorsque des faits ne sont pas explicables, il est naturel d’y voir une intervention divine. ».

    Il n’était clairement pas prêt, pensait la jeune femme. Pas prêt à entendre tout ce qu’elle pouvait dire à ce sujet. Enfin, il ne voulait pas être prêt. La rouquine soupira, un peu chagrinée de l’avoir laisser gagner un point, mais ne perdait pas espoir. Si elle parvenait à lui faire entendre que leurs deux points de vues étaient tout autant respectable l’un que l’autre, cela serait déjà une belle victoire. Il y avait très peu de chance qu’il accepte de la revoir, donc, elle devait tout donner sur cette rencontre.

    « De toute évidence, oui. Et pourtant, accepter, c’est le premier pas vers une paix de l’âme et de l’esprit. »

    De ça, la prêtresse en était convaincu, et cela valait pour tout. La mort de ses parents lui avait prouvé que cette phase d’acceptation était nécessaire : avant d’en arriver la, Hellä avait vainement attendu leur retour et se trouva déçu un peu plus chaque soir, ne voyant personne la chercher. Accepter que l’on est pas seul sur Terre, c’est prendre conscience de sa place. On ignorait à quel point les océans étaient vastes et simplement penser que, sur terre, dans les eaux ou dans les cieux, il y avait d’autres personnes, c’est réaliser l’insignifiance de son existence. Peut-être que le dénommé Svein préférait se croire indispensable.

    « Vous avez l’art du sarcasme, en tout cas, Svein. Et, si vous n’êtes pas prêtre, alors que pouvez vous bien faire de votre vie ? »

    Elle, en tout cas, ne maîtrisait pas cette figure de style. Sans doute trop pur, rien de réellement méchant ou moqueur ne pouvait sortir de sa bouche. Et ce n’était pas faute d’essayer. Cependant, la religieuse se demandait réellement quel métier il pouvait bien exercer. Cela justifierait peut être son côté bourru et indélicat. Du moins elle espérait que ce n’était pas inné, ou dû à son éducation.

    Une foi inébranlable, disait-il. Et pourtant, sa foi avait été ébranlé – et le sera sûrement dans le futur. Le simple fait de réfléchir mettait en doute ses croyances, quotidiennement. Elle concluait seulement que les dieux avaient davantage conscience de ce qu’il fallait faire qu’elle. Ainsi, se faire guider par eux, lui permettait d’accomplir ce qui était nécessaire. Enfin, ça, elle ne pouvait pas le dire à l’homme.

    « Cette détermination vous honore, et s’en tenir à ses principes est une qualité. Mais peut-être en avait vous déjà rencontré un. Les dieux se manifestent sous différentes formes, et pas forcément sous celles auxquelles on s’attend. Ils peuvent se cacher derrière un paysan qui fera preuve d’une bonté extraordinaire, ou dans un animal qui choisira de vous épargner. Leurs actions sont, je pense, seulement mal interprétées. Sous le prétexte qu’ils sont grands et puissants, les hommes escomptent d’eux des interventions à la hauteur de leurs compétences. »

    Après tout, comme Hellä l’avait signalé plus tôt, les dieux n’avaient sans doute pas la même vision de ce qui est important. Pour eux, était-il plus important de sauver un village en proie aux flammes, ou de permettre à une vieille dame de retrouver le bijou qu’elle avait perdu ?

    « Et la, comment pouvez vous être certains qu’ils ne sont pas actuellement autour de nous, dans la peau d’un citoyen des plus ordinaires ? A mon sens, c’est une façon d’étudier les hommes, et de voir ceux qui sont suffisamment valeureux pour siéger à la table de Heimr. »Elle marqua une pause. « Les hommes doivent leur vie aux dieux, plutôt. Vous semblez confondre. Il est donc légitime de remercier ceux qui ont permis la naissance de la vie sur terre. Ne remerciez vous pas vos parents, pour être en vie ? »

    Elle tourna la tête, laissant ses yeux se poser une un homme, assis contre les murs d’un bâtiment, les mains jointes, le visage levé vers le ciel.

    « Regardez cette homme, il est démuni et sans ressources. Pourtant, il ne baisse pas les bras et croit aux dieux comme il croit en la terre. L’espoir l’aide et les dieux récompensent ceux qui ne perde pas la foi. Et puis,vous dites ne croire qu’en se que vous voyez. Pourtant, vous croyez bien que l’air existe, non ? Le voyez vous ? »

    Hellä se préparait déjà a une réflexion, précisant que l’air était utile et qu’on le sentait entrer et sortir de nous lorsque nous respirons. Mais, pour la dévote, c’était la même chose avec la foi. Elle la sentait en elle, et celle-ci emportait tout son corps lorsqu’elle priait. La foi n’était qu’une projection des dieux, qui habitait chaque personne les laissant entrer.
    Ils arrivèrent à la hauteur du temple, fabuleux et toujours ameutant le plus de fidèles.

    « Si vous y tenez, j’irais. Mais vous savez, pénétrez dans un temple en dépit de votre absence de foi ne va pas vous transformer en un bloc de sel. Il s’agit la d’entrer dans une maison, en y étant invité. »
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Message posté : Dim 25 Fév 2018 - 14:03 Message
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Svein Brynjolfson
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Que faisait-il de sa vie ? Il y avait la réponse simple : marin, puis la plus compliquée : aucune idée. Pour Svein, sa vie était loin d'être réglée ou même fonctionnelle, jadis il savait ce qu'il voulait faire, il avait des objectifs et semblait sur la bonne voie. Mais tout s'était écroulé et depuis, il vivotait comme il pouvait, enchaînant les boulots sans trop savoir s'il allait réussir à le garder bien longtemps avant de se faire renvoyer. Autant dire qu'il ne savait pas vraiment quoi lui répondre ! Cependant, Svein n'était pas homme à se confier facilement, bien au contraire, il décida donc d'opter pour la solution la plus facile et la moins « dangereuse » face à une religieuse désireuse d'aider son prochain :

« Marin. »

Le métier qui voulait tout dire et ne rien dire en même temps. Il y en avait tellement sur les îles qu'il savait très bien qu'il ne risquait rien en lui répondant et c'était justement le but.

Quoi qu'il en soit, Svein devait admettre quelque chose : la jolie rousse était tenace et savait ce qu'elle voulait ! Il avait beau la repousser, elle et sa foi, lui faire comprendre qu'il ne voulait pas en entendre parler, elle continuait à essayer de lui prouver le contraire. Avec Helge, l'autre prêtre qui s'était mis en tête d'agir ainsi, Svein perdait rapidement patience et l'envoyait paître, mais avec elle... peut-être que c'était son joli minois qui rendait la pilule moins difficile à avaler, ou peut-être qu'il était simplement dans un bon jour, allez savoir.
Un léger soupir lui échappa tout de même lorsqu'elle eut terminé de lui expliquer sa vision des dieux, argumentant avec des exemples assez concrets comme celui de l'air. Il ne pouvait pas s'empêcher de lui répondre alors qu'il savait qu'il aurait été plus simple de ne rien dire et le laisser tout retomber.

« L'air je le respire, ce n'est pas comme les dieux. Je ne les prie pas et je vis encore, si j'arrête de respirer, je ne suis pas sûr qu'il en soit de même. » Il haussa les épaules. « De toute manière, même si les dieux existeraient, ça ne changerait rien à ma situation. Je n'ai pas besoin de leur aide pour m'en sortir, tout comme je n'ai jamais eu besoin de l'aide des humains pour vivre ma vie. Ne prenez pas ça pour vous, c'est la même chose pour tout le monde. » Au moins n'avait-elle pas à se sentir particulièrement visée. « Je dois ma naissance à ma mère, c'est tout ce que je sais. Peu m'importe que nos ancêtres soient arrivés sur ces îles grâce aux dieux, je ne vais pas aller remercier tous mes ancêtres alors que je leur dois autant la vie. »

Svein se demandait pourquoi il continuait sur cette voie alors qu'il savait que leur discussion ne se terminerait jamais. Elle avait des arguments et des preuves pour étayer ses dires tandis que lui faisait de même de son côté. Au fond, c'était surtout une question de point de vue et ils en avaient deux très opposés, signe qu'ils n'allaient jamais réussir à s'entendre sur ce sujet.
Mais c'était plus fort que lui.

« Si les dieux ont créé les humains pour qu'on leur baise les pieds des siècles plus tard, c'est les plus égoïstes qui soient et je n'ai donc aucune envie de les remercier. Ce serait comme si je m'amusais à avoir des enfants juste pour qu'ils me remercient d'exister en s'occupant de moi. »

En fait, c'était exactement ce que son père avait fait au début de leur enfance, avant de finalement se lasser de leur vie de famille et d'aller courir la gueuse ailleurs. Ce n'était pas le meilleur exemple qui soit, mais disons que ça illustrait assez bien son point de vue.
Un énième soupir lui échappa tandis qu'ils s'arrêtèrent devant le temple. Ses yeux se levèrent vers le sommet du bâtiment avant de se reposer sur la rousse.

« Je sais. Mais ça me met mal à l'aise, c'est tout. » Un aveu qui le surprenait lui-même. Il chassa son trouble d'un geste de la main. « Passez devant. »

Plutôt que de chercher à la convaincre d'entrer sans lui, il se décida finalement à l'accompagner à l'intérieur. Assez bizarrement, son cœur s'accéléra dès qu'il se retrouva de l'autre côté de la porte et ses prunelles parcoururent les environs avec vivacité, à la recherche des siens. Ce n'est qu'après quelques longues secondes qu'il désigna finalement un groupe de trois personnes à l'autre bout du temple.

« C'est eux. »

Il s'agissait de deux jeunes gens dans la vingtaine, des cheveux blonds comme les blés et des visages relativement attrayants. À côté d'eux, une demoiselle légèrement plus âgée, cheveux sombres et filasses, visage particulièrement banal. Ils étaient tous les trois en train de discuter avec un prêtre, apparemment prêts à rester ici encore des heures.

« Avec qui discutent-ils ? »
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Message posté : Mer 28 Fév 2018 - 0:45 Message
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Dans un monde parallèle, Hellä aurait sans doute pu être une guerrière. Elle s’imaginait volontiers archère, les combats au corps à corps l’effrayant beaucoup trop. Quoiqu’à bien y réfléchir, elle serait une piètre combattante, dans ce monde comme un autre, ayant la force d’un écureuil blessé. Etait-il possible pour une femme d’être marin ?Elle l’ignorait, mais le terme se mettant difficilement au féminin en disait long.

« Ce doit être très exaltant de prendre la mer et de découvrir d’autres îles ! »

La jeune femme semblait réellement emballé par ce métier. En même temps, quoi de plus normale, quand on n’avait jamais mis les pieds sur un bateau. Sa seule image de la mer était celle de la plage près de la capitale. Rien de très réjouissant ou donnant matière à rêver. L’océan, si vaste, la tétanise – probablement car son infinité lui fait prendre conscience à quel point elle est minuscule. Un peu comme les dieux au final. Après tout, la foi de la plupart des citoyens reposait sur la crainte de s’attirer les foudres des divinités.

« La foi est comme l’air, pour moi. Si j’en étais dénuée, je ne suis pas sur de pouvoir être qualifié comme étant en vie. C’est ce qui me rend si vivante. »

Pour un impie, ses paroles devaient être totalement dénuées de sens. Pourtant, elle en mesurait chaque mot. Une vie sans foi, c’est comme une vie sans amour, sans passion – ce n’est que l’ombre d’une vie.

« Vous voulez réussir par vous-même et n’être redevable de personne ? C’est tout à votre honneur. Mais C’est impossible. » Elle plongea dans ses yeux bleus. « Personne n’est réellement seul, et si c’était le cas, ce serait bien triste. Personne ne devrait avoir à affronter le monde seul – les dieux sont là pour qu’au moins nous ayons une présence. »

En ça, elle ne pouvait que croire. A la mort de ses parents, Hellä ne pouvait être plus seule, et pourtant, en son for intérieur, elle se sentait toujours aimée, entourée. Si ce n’était les dieux, ou ses parents veillant sur elle dans l’Himinn, d’où venait cette sensation ? Alors oui, face à un homme si rustre et bourru, elle ne pouvait qu’insister. Laisser le doute s’installer en elle ferait disparaître cette idée – et la solitude, c’est ce qu’elle craignait le plus. Il était tout bonnement apaisant de croire qu’une prière permettait de garder un contact, avec ces gens partis trop tôt.

« Et votre mère apprécie le peu d’égard que vous avez pour ses ancêtres ? Ne vous a-t-elle pas élevé dans l’adoration des dieux ? »

Hellä sentait qu’il s’agissait d’une question risquée, mais sa vigueur l’avait emporté sur sa réserve. Sa curiosité l’emporta sur la pudeur : elle n’avait aucune idée de la façon dont on élevait les enfants, à la capitale – en partant du principe que le marin était né à Hjarta. Sans doute se trompait-elle, mais sa soif de savoir l’obligeait à demander. Dans les petits bourgs, les croyances et rites sont observés minutieusement, et chaque enfant connaît ses divinités comme la paume de sa main. Et cet homme prétendait ne pas connaître le dieu majeur ? L’éducation était probablement en cause.

« Les dieux n’attendent rien de nous, mais nous devons tout leur donner. N’avez vous jamais été redevable envers quelqu’un ? Pour vous avoir porté secours, ou bien sauvé la vie ? » Elle leva les yeux au ciel. « Je me sentirais toujours redevable envers ma mère, pour tout ce qu’elle m’a appris. Et envers mon père, de m’avoir protégé du mieux qu’il pouvait. Alors, je prie pour eux, pour leurs âmes. Eux qui m’ont tant apporté et pour qui je n’ai rien pu faire. »

Un sourire teintée de tristesse se dessina sur le visage de la dévote. Elle réalisa n’avoir jamais formulé cela ainsi, et pourtant, c’était ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle. Un regret, de n’avoir jamais remercier ouvertement ses parents, de ne pas avoir été aussi disciplinée qu’ils l’auraient souhaité. Bien qu’elle fût une enfant délicieuse, elle savait avoir eu des moments peu glorieux ; ses parents avaient du en faire les frais. Elle espérait que ses prières leurs parvenaient, et qu’ils les acceptaient.

Svein pointa du doigt un petit groupe, indiquant qu’il s’agissait des membres de sa famille. Ceux-ci semblaient ne pas être prêts à bouger, étant dans une grande discussion avec un officiant. Rapidement, Hellä le reconnut.

« C’est le prêtre Teodor. Si on considérait qu’une hiérarchie au sein des ordres ecclésiastiques était une chose, il en serait à la tête. Il est le prêtre supérieur du Temple de Heimr. C’est très étrange, il ne sort ni parle aux fidèles que très rarement. Peut-être vos frères ont-ils fait quelque chose ? »
Elle se reprit, ne voulant pas que l’homme à ses côtés ne s’inquiéta pour rien. « Ont-ils une quelconque raison de s’entretenir avec le prêtre ? Un mariage en grande pompe pour votre sœur ? Ou bien veulent-ils participer activement aux prochaines festivités en l’honneur du Dieu des dieux ? »
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Message posté : Sam 3 Mar 2018 - 13:47 Message
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Cette donzelle s'emballait réellement pour n'importe quoi. Svein n'avait jamais été transporté par l'idée de devenir marin et, en vérité, il avait opté pour ce métier par dépit. Son véritable rêve avait été de devenir un forgeron émérite et même aujourd'hui, il n'arrivait pas à poser les yeux sur une enclume sans sentir l'amertume l'envahir. Être marin ne demandait aucune qualification particulière, si ce n'est d'avoir le pied sûr et de ne pas avoir le mal de mer. Pour le reste... il n'avait pas de mal à ramer, même si sa main handicapée devenait parfois douloureuse, mais il ne se sentait pas enthousiaste à l'idée de se rendre sur Fálki, Snákr ou même plus loin. Pas en sachant qu'il allait devenir revenir ici ensuite.

Plus ils parlaient et plus il se rendait compte que la jeune femme et lui étaient diamétralement opposés. Elle était aussi positive et enjouée qu'il était défaitiste et sombre. Croyait-elle sincèrement que personne n'était seul ? Il l'avait été et cela malgré sa famille relativement nombreuse. Certes, c'était son propre choix et sa tante lui avait offert sa pitié, mais Svein n'en avait pas voulu, il était bien trop fier pour accepter une main tendue. Qu'elle vienne d'un dieu ou d'un humain – ce qui était la même chose à ses yeux.

« Je préfère la solitude. »

C'était étrangement vrai. Même s'il avait toujours été entouré et qu'il passait beaucoup de temps à rendre visite à diverses connaissances, Svein ne se sentait jamais aussi bien qu'en étant seul. Peut-être parce qu'il n'y avait personne pour lui rebattre les oreilles avec des idées saugrenues. Il savait parfaitement que même si cette discussion l'ennuyait, la présence d'un nouveau visage n'était pas désagréable, mais qu'il n'en serait que plus satisfait une fois seul. Mieux profiter de sa solitude après une conversation animée !

Lorsqu'elle le questionna sur la réaction de sa mère, Svein la dévisagea quelques secondes avant de hausser les épaules. Bien sûr que si. Astrid était une fervente dévote et plusieurs de ses enfants continuaient à croire en toutes ces sottises, mais ce n'était plus son cas. Elle était morte avant qu'il ne perde ses illusions et ignorait donc ce qu'il en était, mais le trentenaire était à peu près sûr qu'elle aurait été déçue d'apprendre ça.

« Si, mais elle n'est plus là pour le voir, c'est donc sans importance. »

Il ne croyait pas que la vie existait après la mort, pour lui il s'agissait simplement d'une personne qui mourait et disparaissait définitivement. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il trouvait ce culte de l'ancêtre aussi stupide. Il fallait juger un homme à ses capacités actuelles et pas aux faits de ses ancêtres.
La jeune femme souleva toutefois un point intéressant. Avait-il été redevable envers quelqu'un ? Bien sûr. C'était Gabriel qui les avait sortis de la rue et leur avait offert un avenir, mais huit ans plus tard, il l'avait fait payer en lui brisant la main. Si c'était ainsi qu'il fallait payer l'aide apportée, il aurait préféré s'en passer.

« Être redevable de quelqu'un, c'est devoir lui payer sa dette plus tard, rien de plus. Les gens pensent tous faire quelque chose gratuitement, mais c'est faux. Je préfère encore m'épargner une quelconque aide et ne rien devoir à personne. » Il soupira. « Si vos parents étaient encore en vie, ils attendraient certainement de vous que vous fassiez un beau mariage pour leur permettre de gagner du galon dans l'échelle sociale. »

Autrement dit, elle devait s'estimer heureuse qu'ils soient morts ! Svein savait qu'il ne connaissait rien de la vie de la jeune femme, mais c'était plus fort que lui, voir une femme aussi naïve le dépassait totalement ! Fort heureusement, si elle décidait de le planter ici, il avait au moins retrouvé la trace des autres. Sauf que les choses ne s'annonçaient pas forcément très bien. Grimaçant légèrement, Svein secoua la tête sans détourner les yeux de ses frères et sœurs.

« Il n'y a aucun mariage de prévu et j'ai du mal à les voir participer à une quelconque festivité. Je pencherais plutôt en faveur d'une grosse bêtise. Les jumeaux sont spécialisés là-dedans, je pense que tous les gardes de la ville doivent connaître leurs prénoms. » Et ce n'était même pas exagéré. « Votre prêtre n'a pas l'air énervé. Qu'est-ce qu'ils risquent s'ils ont fait une bêtise ? » Il se sentait tout de même responsable d'eux. « Je n'ai pas envie de m'inviter dans la discussion, mais est-ce que vous seriez capable d'en savoir plus ? » Il lui jeta un regard. « Après tout, vous êtes aussi une religieuse, non ? »

Donc elle saurait forcément quoi faire. Du moins dans l'esprit du trentenaire.
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